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ÉDITO – Pavés de la mémoire : le bon sens l’emporte

par Philippe Lamair

Est-ce le bon sens qui l’a emporté, ou le tollé accompagné de quelques interventions discrètes qui ont poussé les autorités scolaires d’Anderlecht à un rétropédalage ? À chacun son avis !

Finalement, des élèves des écoles primaires Le Carrefour et Marius Renard ont participé, ce vendredi, à la cérémonie des Pavés de Mémoire et ils ont entendu le témoignage d’un survivant de la Shoah.

L’information publiée par La DH sur la non-participation des élèves à cette manifestation avait suscité une levée de boucliers. L’argument avancé, selon lequel « les écoles ne souhaitent pas que l’on vienne parler de la Shoah avec les élèves, étant donné les conditions actuelles au Proche-Orient », n’a pas convaincu.

Officiellement, cette décision aurait été motivée par la crainte d’incidents. Cependant, on ne peut exclure que des élus proches de mouvements islamistes aient exercé des pressions pour empêcher la présence des élèves.

Ce refus, justifié par un argumentaire fallacieux, constitue surtout un manquement grave à l’une des missions pédagogiques fondamentales de l’enseignement : éveiller les élèves à la diversité des idées, à la compréhension de l’autre, au dialogue, à la tolérance, ainsi qu’à la vigilance face aux menaces des totalitarismes religieux ou politiques contre la démocratie.

Extermination des Juifs

Dans ce cadre, le cours d’Histoire est un outil pédagogique essentiel pour étudier la politique d’extermination menée par les nazis contre les juifs et tous les opposants. Ce sombre épisode offre, hélas, un exemple parfait pour expliquer les dérives sectaires, racistes et xénophobes.

Cette commémoration permettra aux enseignants anderlechtois de comprendre l’origine et la signification des Pavés de la Mémoire.

Il s’agit de la contraction de deux mots allemands : « stolpern » (trébucher) et « Stein » (pierre), donnant naissance au terme Stolperstein (« Pavé de Mémoire »). L’artiste Gunter Demnig a choisi ce mot car il voulait que « über Stolpersteine sollen Menschen mit dem Kopf und mit dem Herzen stolpern » (« les passants doivent trébucher avec leur conscience et leur cœur sur les pavés de mémoire »).

Depuis les années 1990 en Allemagne, et ensuite dans d’autres pays d’Europe, ces pavés sont placés devant le dernier domicile connu des victimes de la barbarie nazie. Ils honorent non seulement la mémoire des Juifs, mais aussi des Tziganes, des homosexuels et des résistants, comme le Bruxellois René Copinne, arrêté puis fusillé en 1943. Il a son pavé rue du Noyer à Schaerbeek.

Camps en URSS et en Chine

L’inauguration de ce vendredi devait être l’occasion d’évoquer l’horreur des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps en URSS, en Chine ou au Cambodge, en les replaçant dans leur contexte.

Ne pas parler de la Shoah, c’est l’ignorer, c’est invisibiliser des crimes comme s’ils n’avaient jamais existé. Utiliser la guerre au Proche-Orient comme prétexte pour ne pas se souvenir n’est pas un argument, mais une posture. Elle doit réjouir les islamo-gauchistes et autres antisémites. C’est la peur ou la lâcheté qui, dans un premier temps, ont conduit les responsables pédagogiques à choisir la facilité, tout comme les autorités bruxelloises l’avaient fait en interdisant la tenue du match Belgique-Israël au Heysel.

Ne pas oublier qu’à force de s’aplatir, même lorsque cela n’est pas nécessaire, la démocratie pourrait un jour ne plus se relever.

Aujourd’hui, elle est restée debout. Enfin !

Philippe Lamair

(Photo : pavés de la Mémoire à Bordeaux – Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

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