L’élimination de Yahya Sinouar, considéré comme l’architecte du massacre du 7 octobre 2023, marque un tournant décisif dans la lutte contre le Hamas à Gaza. Celui que l’on surnommait le « boucher de Gaza » n’était pas un simple combattant. Intellectuel et politicien aguerri, parlant couramment l’hébreu et ayant fait des études en Israël durant sa détention. Sinouar a toujours adhéré aux préceptes violents du Hamas, incarnant la brutalité et la radicalité du groupe islamiste.
Né à Khan Younès, Sinouar a cofondé en 1987 la branche armée du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qassam. En 1989, il a été condamné à plusieurs peines de prison à vie pour le meurtre de Palestiniens qu’il accusait de collaborer avec Israël. Libéré en 2011 lors d’un échange de prisonniers en contrepartie du soldat israélien Gilad Shalit, Sinouar est rapidement devenu une figure centrale du Hamas à Gaza. En tant que chef politique et militaire, il a orchestré de nombreux attentats et attaques contre Israël, consolidant sa réputation d’homme inflexible et sanguinaire.
Il a joué un rôle crucial dans le durcissement des positions du Hamas, refusant toute forme de compromis avec Israël, et s’est opposé à toute idée de paix durable. Ses discours enflammés et son contrôle rigide de Gaza illustrent son engagement envers la destruction de l’État israélien. Le massacre du 7 octobre 2023, où plus de 1 200 civils israéliens ont été tués, démontre clairement la fidélité de Sinouar à la Charte du Hamas et à son idéologie génocidaire.
La Charte du Hamas : une vision destructrice
Mohamed Sifaoui, dans son essai « Hamas, plongée au cœur du groupe terroriste » (Éditions du Rocher), apporte une lumière précieuse sur la Charte du Hamas, document fondamental pour comprendre la pensée et les objectifs de ce mouvement terroriste.
Dès son préambule, la Charte revendique l’héritage des Frères musulmans et cite leur fondateur, Hassan Al-Banna : « Israël continuera d’exister jusqu’à ce que l’Islam l’abolisse comme il a aboli ce qui le précédait. » Cet engagement pour la destruction d’Israël est central dans la vision du Hamas. L’organisation se définit comme une branche palestinienne des Frères musulmans, dont le djihad est le moyen privilégié pour arriver à ses fins.
Le combat contre les Juifs
L’un des passages les plus troublants de la Charte est l’article 7, qui cite un hadith controversé selon lequel « l’heure ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les Juifs et ne les tuent ». Ce texte est l’une des bases de la rhétorique du Hamas contre Israël et les Juifs, soulignant l’aspect non seulement anti-sioniste mais aussi antisémite de leur idéologie. Il s’agit ici d’un appel explicite à la violence contre les Juifs, qui va bien au-delà d’une opposition politique à l’État d’Israël.
L’article 8 renforce cet aspect en adoptant la devise des Frères musulmans, centrée sur l’établissement d’un État islamique où le djihad, et même la mort pour Dieu, sont érigés en valeurs suprêmes. Le djihad n’est pas perçu seulement comme un combat contre Israël, mais comme un impératif religieux global pour tout musulman.
La Palestine : une terre inaliénable
La Charte, dans son article 11, rejette catégoriquement toute idée de partage de la Palestine entre deux États. Elle décrit la terre de Palestine comme un « waqf », c’est-à-dire une propriété islamique inaliénable pour toutes les générations de musulmans. Le Hamas considère donc la Palestine comme une terre sacrée, dont aucun morceau ne peut être cédé à un autre peuple.
L’article 13 va encore plus loin en rejetant toutes les initiatives de paix internationales, les qualifiant de « perte de temps ». Il affirme que seule la lutte armée et le djihad peuvent résoudre la question palestinienne, refusant ainsi toute négociation ou compromis durable.
L’instrumentalisation des femmes et des jeunes
Mohamed Sifaoui souligne également dans son analyse que le Hamas inclut les femmes dans sa vision du djihad, bien qu’il les confine en grande partie à des rôles traditionnels. L’article 17 considère la femme comme une « usine à hommes », responsable de l’éducation des jeunes générations dans l’esprit de la lutte contre Israël. Certaines femmes, comme Fatima Al-Nejjar, une kamikaze de 70 ans, sont mises en avant comme des modèles de dévouement pour la cause terroriste.
Le Hamas s’attache aussi à éduquer les jeunes générations dans une idéologie de haine, les formant à combattre Israël dès leur plus jeune âge. L’article 16 prône l’endoctrinement des enfants et des jeunes dans les écoles pour les préparer à être les futurs combattants du djihad.
Des alliances et des ennemis mondiaux
La Charte ne se contente pas de cibler Israël. L’article 32 met en garde contre un complot mondial sioniste, un mythe inspiré des Protocoles des sages de Sion, un faux document russe antisémite du début du XXe siècle. Le texte présente les Juifs comme aspirant à dominer le monde, une vision complotiste qui alimente la rhétorique du Hamas et de nombreux autres groupes islamistes radicaux.
Le Hamas rejette également tout concept de laïcité, notamment celle prônée par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Dans l’article 27, il affirme que « la laïcité est incompatible avec l’islam », et rejette toute forme de coexistence entre des valeurs laïques et l’idéologie islamique prônée par le mouvement.
Une charte prétendument amendée en 2017
En 2017, le Hamas a prétendu avoir amendé sa Charte de 1988 en publiant un nouveau texte, mais Mohamed Sifaoui explique que ce « Wathiqa » (document) n’est en réalité qu’une évolution sémantique, sans véritable impact sur le fond. La Charte originale, intitulée « Mithaq », reste en vigueur, et le Hamas continue d’agir conformément à ses principes initiaux, malgré les apparences de modération qu’il tente parfois de présenter sur la scène internationale.
Le 7 octobre 2023 n’est que la confirmation que le Hamas reste fidèle à ses principes de violence, de haine et de rejet de toute solution pacifique. Présenté par plusieurs porte-paroles du Hamas comme un « hors-d’œuvre », le massacre du 7 octobre 2023 participe clairement de l’intention génocidaire du Hamas à l’encontre des Juifs mais aussi des millions de chrétiens sionistes de par le monde.
Nicolas de Pape
(Photo : Belga)