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Épidémie de maladies de longue durée dans l’OCDE : que faire ?

par Nicolas de Pape
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La plupart des pays de l’OCDE connaissent une augmentation significative des absences pour maladies de longue durée. En Belgique, environ 500 000 personnes sont concernées, générant des coûts directs et indirects estimés à 13 milliards d’euros par an. Mais de nombreux pays de l’OCDE partagent cette évolution inquiétante.

Selon l’OCDE, les jours perdus par an et par personne montrent une hausse notable dans plusieurs pays : la Belgique est passée de 11,2 à 12,3 jours entre 2013 et 2018. La France a évolué de 9,2 jours en 2014 à 12,5 jours en 2019, et le Royaume-Uni de 4,7 à 5,7 jours entre 2010 et 2022. Même les États-Unis (de 3,8 à 6,2 jours entre 2010 et 2022) et le Canada (de 7,5 à 10,2 jours sur la même période) observent une hausse. Israël n’est pas épargné, progressant de 3,6 à 5,1 jours.

Les maladies de longue durée, notamment psychiques, posent un défi colossal aux systèmes de santé et aux entreprises. En Belgique, le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée a doublé entre 2008 et 2023, atteignant plus de 500 000 individus. Ces maladies entraînent des impacts significatifs sur la productivité, les finances publiques et le bien-être des individus.

13 milliards € par an

Les indemnités d’incapacité varient selon la situation familiale et le salaire. En janvier 2023, une indemnité journalière pouvait atteindre 68 €, soit environ 1 768 € mensuels pour 26 jours indemnisés. Avec 500 000 bénéficiaires, cela représente un total annuel de 10,6 milliards d’euros (fourchette haute).

En parallèle, ces travailleurs ne versent plus de cotisations sociales. Sur un salaire brut moyen de 3 500 € par mois, avec une cotisation salariale de 13,07 %, chaque individu en incapacité représente une perte de 458 € par mois. Sur 500 000 cas, cette perte s’élève à 2,75 milliards d’euros par an. Ainsi, en additionnant les indemnités et les cotisations perdues, la facture totale pourrait bien approcher les 13,35 milliards d’euros par an.

Facteurs influençant les maladies de longue durée

L’augmentation des maladies de longue durée s’explique par plusieurs facteurs. Le vieillissement de la population accroît les cas de maladies chroniques comme le diabète ou les pathologies cardiovasculaires. Les modes de vie urbains, la consommation d’aliments transformés et la sédentarité amplifient les risques métaboliques. Le stress et le déséquilibre entre travail et vie personnelle aggravent les troubles psychiques. Par ailleurs, les maux de dos représentent un tiers des cas, liés autant à la pénibilité physique qu’à la pression mentale de certains métiers. Enfin, les progrès médicaux favorisent une détection précoce, augmentant mécaniquement les cas recensés.

Solutions pour réduire les maladies de longue durée

Pour contrer cette tendance, les pays de l’OCDE et les entreprises doivent s’engager sur plusieurs fronts. Promouvoir des modes de vie sains est essentiel, en investissant dans des campagnes éducatives et des infrastructures qui facilitent l’activité physique et l’accès à une alimentation équilibrée. Renforcer la prévention par des dépistages réguliers des maladies cardiovasculaires et des cancers est une autre priorité. Enfin, améliorer le bien-être en entreprise reste clé : proposer des espaces ergonomiques, des consultations psychologiques et des horaires flexibles peut grandement aider.

Impact sur la productivité

Les maladies de longue durée ont des effets majeurs sur la productivité. Les arrêts maladie prolongés et le manque d’efficacité au travail coûtent des milliards chaque année aux entreprises. Cependant, les investissements dans la santé des employés peuvent offrir un retour financier significatif : certaines études montrent un ROI de 3 à 6 dollars pour chaque dollar investi.

Abus et solutions

La question des abus, bien que marginale, reste sensible. Pour y remédier, plusieurs solutions sont envisagées. La digitalisation des arrêts maladie, avec des outils capables d’identifier les anomalies dans les diagnostics ou les durées, peut aider. Les contrôles médicaux renforcés, avec des contre-visites obligatoires pour les cas prolongés, constituent une autre piste. Sensibiliser les médecins à prescrire de manière éthique, en particulier pour les troubles psychiques, est aussi crucial. Enfin, la mise en place de programmes de retour progressif au travail permettrait de réintégrer les employés durablement tout en limitant les prolongations injustifiées.

Améliorer les conditions de travail, notamment en réduisant le stress et en introduisant davantage de flexibilité, pourrait également s’attaquer aux causes sous-jacentes des abus. Ces efforts combinés pourraient non seulement restaurer la crédibilité du système, mais aussi réduire la pression financière qu’il subit.

Nicolas de Pape

(Photo Belgaimage)

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