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Louis Sarkozy : « EPR et nucléaire, des atouts majeurs pour la France »

par Louis Sarkozy

Le réacteur EPR de Flamanville a été mis en service avec 12 ans de retard, pour un coût quatre fois supérieur au budget initial. Il vient enfin d’être raccordé au réseau et monte progressivement en puissance. C’est, malgré les frustrations, une belle et grande nouvelle dont la France a besoin. Une chronique de Louis Sarkozy.

Où réside la grandeur de la France ? Jadis, elle planait sur les collines des Pratzen, résonnait sur les rives de la Marne et trouvait refuge dans nos maquis occupés. Elle s’incarne en paradoxe – à Versailles et Ermenonville, habitant Fontainebleau et la place de la Bastille. Aujourd’hui, cette grandeur perdure, aussi éclatante que jamais, dans les réacteurs nucléaires de notre parc, véritable miracle français.

Et, comme à toutes les époques, il y a ceux qui nient cette grandeur et ceux qui orchestrent sa déconstruction. La grande nouveauté de notre ère est que, parfois, les artisans de cette petitesse sont nos propres dirigeants. Ainsi, nous avons fermé la centrale de Fessenheim, qui assurait environ 70 % des besoins électriques de l’Alsace, sans autre justification qu’un certain fétichisme écologiste irrationnel, cher à une partie de notre gauche bien-pensante. Car rien – disons-le clairement – n’est plus « renouvelable » ni plus efficace pour nous affranchir des gaz à effet de serre que le nucléaire, une énergie « propre » par définition. Si vous rencontrez un « écologiste », il y a une seule question à lui poser pour évaluer sa sincérité : « Que penses-tu du nucléaire ? » Si sa réponse est favorable, c’est un honnête homme. Si elle est négative, alors il s’agit d’une pastèque – autrement dit, un vert à cœur rouge.

Flamanville : plus performant, plus sûr, plus rapide et plus propre

Sous la présidence de François Hollande, la France s’est engagée à réduire la part du nucléaire dans son mix énergétique, faisant passer cette proportion de 70 % à 50 % de notre consommation totale. Emmanuel Macron, dans un premier temps, a suivi cette trajectoire. Mais, comme souvent avec Jupiter, il y eut un revirement. En 2022, lors d’un discours à Belfort, le président a enfin reconnu une évidence : l’avenir est électrique, et donc, nécessairement, nucléaire. L’annonce de nouveaux réacteurs EPR fut de nouveau une bonne nouvelle. Cependant, la grandeur ne pardonne ni l’hésitation ni les volte-face. Le temps dépensé dans des manœuvres politiques et idéologiques est irrémédiablement perdu. Ainsi, la France a progressivement dilapidé l’expertise qui faisait d’elle un leader mondial dans le domaine de l’énergie nucléaire.

Le développement et la construction de l’EPR de Flamanville ont été marqués par une inefficacité chronique. Bien évidemment ! Notre pays n’a pas inauguré de nouveau réacteur depuis 1999. Nous manquons de soudeurs, d’artisans et d’ingénieurs disposant des compétences indispensables pour produire de telles merveilles technologiques. Pendant ce temps, EDF, récemment nationalisée, croulait sous une dette colossale. L’entreprise a également été secouée par un scandale de corrosion affectant plusieurs réacteurs, entraînant des arrêts prolongés et ramenant la production nucléaire française à son niveau le plus bas depuis 30 ans. Ainsi, le programme nucléaire civil français demeure entravé par des faiblesses structurelles bien connues : protectionnisme, bureaucratie et politisation excessive. Le réacteur EPR de Flamanville en est le symbole : mis en service avec 12 ans de retard, il a coûté quatre fois plus que prévu. Par quel droit somme nous surpris ? Dans un secteur hautement spécialisé et d’importance mondiale, si l’on néglige l’innovation, diabolise les experts et manque de volonté politique, que peut-on espérer d’autre que l’inefficacité et les erreurs ?

Mais ne tombons pas dans l’excès : ce réacteur est une véritable merveille. Doté d’une puissance brute de 1 650 MW, il figure parmi les réacteurs les plus puissants au monde. Il bénéficie d’une double structure de confinement, d’un retentionneur de cœur et d’une résistance accrue aux séismes ainsi qu’aux crashs aériens. Il est capable de recycler une partie de ses déchets grâce à l’utilisation de combustible MOX et offre une durée de vie potentiellement supérieure à celle de ses concurrents. En résumé, il est plus performant, plus sûr, plus rapide et plus propre. C’est un véritable triomphe français, utilisant des technologies développées en France, qui consolide notre avantage comparatif dans le domaine de l’énergie nucléaire.

Sur le plan international, tandis que la France ferme Fessenheim et que l’Allemagne rouvre ses centrales à charbon ou importe du gaz russe, la Chine a approuvé la construction de 11 nouveaux réacteurs nucléaires sur cinq sites, avec un investissement de plus de 31 milliards de dollars. La Russie, de son côté, a dévoilé un projet ambitieux visant à construire jusqu’à 37 nouvelles unités nucléaires d’ici 2042. Le monde avance, lucide sur ses objectifs et confiant dans sa volonté de grandeur. L’Europe, quant à elle, paralysée par l’autoflagellation et une réglementation excessive, hésite et vacille. L’avance que nous possédions dans ce domaine s’est certes réduite, mais elle n’est pas irrémédiablement perdue. Pour comprendre l’enjeu et le potentiel de cette énergie, il faut lire Cédric Lewandowski, Directeur Exécutif chez EDF, qui a publié un ouvrage dans la collection « Que sais-je ? », consacré à ce sujet qu’il maîtrise avec brio. L’efficacité, l’environnement, la sécurité, la prospérité – tout y est abordé.

Notre avenir et notre grandeur en dépendent. Flamanville n’est, si nous le voulons, que le début. Alors, en avant, France !

Louis Sarkozy, chroniqueur 21News

(Photo Belgaimage : un travailleur sur le chantier du réacteur de Flamanville, dans la Manche, juin 2022)

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