Dans une interview accordée à l’Augsburger Allgemeine, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a défendu la prolongation des contrôles aux frontières au-delà de mars 2025, une mesure qu’elle juge indispensable pour lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité des passeurs. Ces contrôles traduisent une politique ferme sur la migration, soutenue par le chancelier Olaf Scholz, qui insiste sur la nécessité d’un équilibre entre ouverture et régulation dans un contexte électoral tendu notamment par la montée de l’extrême-droite allemande. Un modèle pour la Belgique ?
L’Allemagne, sous la houlette de la ministre de l’Intérieur sociale-démocrate Nancy Faeser, a intensifié dès septembre les contrôles à ses frontières pour répondre à l’immigration irrégulière et aux menaces transfrontalières. Ces mesures, étendues récemment aux frontières nord et ouest du pays, incluent désormais celles avec le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, en plus des frontières est et sud déjà surveillées. Selon Faeser, elles ont permis l’arrestation de 1 800 passeurs et le refoulement de 40 000 personnes, preuve de leur efficacité.
Cette stratégie s’inscrit dans un cadre exceptionnel au sein de l’Espace Schengen, où de tels contrôles sont en principe interdits. Faeser a justifié cette démarche par la nécessité de protéger l’Allemagne des flux migratoires incontrôlés, du terrorisme islamiste et de la criminalité organisée. Ces mesures resteront, selon elle, en vigueur « tant que la protection des frontières extérieures de l’UE n’aura pas été considérablement renforcée ».
Dans une interview à l’Augsburger Allgemeine ce lundi 30 décembre, Nancy Faeser a également mis en avant les efforts de l’Allemagne pour accompagner le retour des réfugiés syriens si la paix s’installe dans leur pays. Par ailleurs, elle a souligné que l’Allemagne est le seul État européen à avoir expulsé des criminels dangereux vers l’Afghanistan, affirmant ainsi sa volonté de protéger ses citoyens tout en respectant le droit international.
Une vision commune pour une migration maîtrisée
Le chancelier Olaf Scholz a lui aussi placé la migration au centre du débat national, affirmant lors d’un discours au Bundestag déjà en septembre : « L’ouverture au monde est essentielle, mais cela ne signifie pas que tout le monde peut venir. Nous devons choisir qui entre en Allemagne. » Cette déclaration reflète une ligne gouvernementale claire : l’équilibre entre ouverture et contrôle.
Scholz et Faeser partagent une vision : une migration encadrée qui répond aux besoins économiques tout en maintenant la sécurité intérieure. Ce positionnement est particulièrement crucial à l’approche des élections de février 2025, dans un contexte où les préoccupations liées à l’immigration dominent le débat public, choux gras pour le parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD) curieusement qualifiée par Elon Musk de « dernière chance pour l’Allemagne ».
Contexte électoral et défis à venir
Avec une montée en puissance des partis d’extrême-droite et des tensions autour des politiques migratoires, le gouvernement Scholz cherche à rassurer une opinion publique de plus en plus exigeante et meurtrie par le récent attentat de Magdebourg. Les mesures actuelles, qu’il s’agisse des contrôles aux frontières, des retours encadrés ou des expulsions ciblées, visent à démontrer une maîtrise politique sur ces questions sensibles.
Pour résumer, on peut dire que la politique migratoire allemande, portée par Faeser et Scholz, s’articule autour d’une gestion proactive des flux migratoires, d’un renforcement des contrôles et d’un cadre rigoureux pour les retours et expulsions. Ce discours double, entre fermeté et humanité, cherche à répondre aux défis d’un monde globalisé tout en préservant la stabilité intérieure de l’Allemagne.
Un modèle pour la Belgique ?
A.G.
(Photo Belgaimage : le chancelier Olaf Scholz et la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser sur le marché de Noël de Magdebourg, 21 décembre 2024)