Une nouvelle nuit, une nouvelle fusillade. À Anderlecht, une maison a été criblée de balles dans la nuit de mardi à mercredi. Quinze impacts relevés, un cocktail molotov jeté, mais aucun blessé. Un miracle. Depuis février, les tirs se multiplient dans les quartiers Clemenceau, Peterbos et Saint-Guidon, avec un bilan de deux morts et trois blessés. Mardi, le procureur du Roi Julien Moinil s’est plaint d’un manque criant de moyens de lutte.
C’est toujours le même scénario : règlements de comptes sur fond de trafic de drogue, tandis que l’État regarde ailleurs, incapable d’endiguer cette spirale de violence qui gangrène la capitale.
Le procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, enrage. Devant les parlementaires bruxellois, il a livré un constat brutal : la justice et la police sont à genoux. « Comment attraper des criminels sans enquêteurs spécialisés ? » tonne-t-il, pointant du doigt le fédéral, incapable de fournir les renforts promis. La situation est critique. Les fusillades s’enchaînent, mais les moyens pour les élucider manquent cruellement. « Bruxelles devient un terrain de chasse pour les trafiquants de drogue, et nous n’avons pas les armes pour y mettre fin », ajoute-t-il, amer.
« On relâche des types qui tirent à l’arme de guerre en pleine rue, faute de cellule disponible. »
Au-delà de l’incapacité à identifier et arrêter les tireurs, c’est toute la chaîne judiciaire qui est grippée. Les prisons débordent, les peines ne sont plus appliquées faute de place. « On relâche des types qui tirent à l’arme de guerre en pleine rue, faute de cellule disponible. Des centaines de détenus dorment par terre dans les prison. C’est un non-sens total ! » peste-t-il. Le parquet tente d’agir, mais chaque soir, c’est le même problème : la police est débordée, la justice impuissante, et les criminels toujours plus arrogants.
Pendant que l’État patine, les malfrats s’installent. Les nuits bruxelloises deviennent le théâtre de violences incontrôlées, et l’impunité nourrit l’escalade. Faute de moyens, la police bruxelloise est contrainte d’écumer tout le pays à la recherche d’une prison encore capable d’accueillir un détenu. Un chaos qui scandalise le procureur : « De grâce, réveillons-nous ! » Mais les promesses politiques restent lettre morte. En attendant, la peur s’installe dans certains quartiers, et les balles continuent de siffler dans les rues de Bruxelles.
La Rédaction
(Photo Belga : Hatim Kaghat)