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Fin de l’obligation de vote en Flandre : « Les jeunes sont plus enclins à ne pas voter »

par Fouad Gandoul
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La fin du vote obligatoire, lors des élections locales du 13 octobre en Flandre, nous apporte des informations sur le niveau de satisfaction du fonctionnement démocratique. Une chronique du politologue Fouad Gandoul.

Le résultat des élections locales en Flandre : la N-VA devient le plus grand parti lors des élections provinciales à Anvers, en Flandre orientale et dans le Brabant flamand. Le CD&V reste le plus grand parti dans les provinces rurales flamandes, en Flandre occidentale et dans le Limbourg. Au niveau municipal, nous pouvons conclure que les partis traditionnels ont obtenu de bons résultats. L’ancrage local des administrateurs politiques des partis traditionnels a partiellement empêché la percée attendue du Vlaams Belang et du PVDA.

Toutefois, la raison principale doit être recherchée dans l’abolition du vote obligatoire pour les élections locales. Il était évident que l’abolition du vote obligatoire en Flandre aurait de graves conséquences sur le taux de participation des citoyens au processus électoral. Personne ne s’attendait à ce que cet effet soit déjà si prononcé lors des premières élections locales sans vote obligatoire. Le fait que les gens continuent à vouloir voter est un bon indicateur de leur satisfaction à l’égard du système politique et de son fonctionnement.

La Belgique appartient au petit groupe de démocraties (27 pays dans le monde) où le vote obligatoire existait encore. Il n’existe plus qu’à Bruxelles et en Wallonie. La Flandre a choisi de l’abolir sous l’impulsion des libéraux flamands dans le précèdent gouvernement flamand Jambon. Parmi les autres pays de l’UE, seuls le Luxembourg, la Bulgarie et la Grèce pratiquent également le vote obligatoire. Selon le politologue anversois Stefan Walgrave, le vote obligatoire garantit généralement une plus grande participation au processus électoral. Cependant, même dans les pays où le vote est obligatoire, le taux de participation diminue en raison du mécontentement croissant à l’égard du fonctionnement du système politique. Ce mécontentement se concentre principalement au sein des partis aux deux extrémités de l’échiquier politique.

Vers une crise de légitimité du système politique ?

L’ampleur de l’impact de l’abolition du vote obligatoire en Flandre a longtemps fait l’objet de spéculations. Les prévisions les plus optimistes tablaient sur une participation effective de 75 %. Les Flamands n’étaient pas de cet avis. 36 % des électeurs flamands se sont détournés des élections locales.

Au sein de la majorité flamande actuelle, il a été convenu d’évaluer l’abolition du vote obligatoire. Une réintroduction semble peu probable, car le parti le plus important dans la coalition flamande n’en est pas convaincu. En fait, cette abolition a également été positive pour le CD&V, comme le montrent les résultats des élections. De tous les électeurs, ceux du CD&V sont les plus motivés pour aller voter sans vote obligatoire. Cependant, une baisse de 36 % du taux de participation reste un problème démocratique majeur. Si ce chiffre devait encore baisser lors des prochaines élections, cela pourrait inévitablement déclencher une crise de légitimité de notre système politique.

Les recherches post-électorales devront révéler avec précision qui n’est pas allé voter et quelles étaient ses motivations. Ce qui est sûr, c’est que les jeunes sont plus enclins à ne pas voter. La classe politique ne se facilite pas la tâche non plus. Des accords préalables aux querelles individuelles, qui déterminent en fin de compte qui va en coalition avec qui. Cela inspire de moins en moins confiance en ce qui concerne sa capacité à résoudre les problèmes, et le sérieux que l’on attribue habituellement à cette classe politique. Les jeunes ont tendance à être mal informés, à percevoir la politique comme un spectacle lamentable dont ils sont déconnectés et ou ils ont du mal à distinguer les partis d’un point de vue idéologique. Les personnes peu instruites, à faible revenu et issues de l’immigration s’écartent plus facilement de la course électorale pour les mêmes raisons.

Le risque que les candidats, agissant comme des êtres rationnels, commencent à s’adresser uniquement aux groupes sociaux qui votent est particulièrement élevé et se traduira inévitablement par une aliénation plus forte d’une part importante des citoyens. L’avantage électoral relatif des partis (de centre-droit) ne compense pas la régression démocratique que subit ainsi le système. Il serait tout à l’honneur des partis majoritaires flamands de proposer, après une évaluation approfondie, un plan visant à améliorer sérieusement le taux de participation et, si nécessaire, à réintroduire le vote obligatoire.

Fouad Gandoul – Politologue et chroniqueur 21 News

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