La grève de ce 26 novembre dans le secteur de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles vise l’avant-projet de décret-programme de l’enseignement. Enseignement qualifiant, nominations, pensions… les griefs des grévistes sont nombreux. Mais ils reposent sur une série de fake news colportées par les syndicats, qui alimentent les peurs des enseignants, des parents et des pouvoirs organisateurs. 21 News démêle le vrai du faux.
VRAI : la situation budgétaire de la FWB est intenable en l’état
En octobre dernier, l’agence de notation Moody’s abaissait les perspectives de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) de « stables » à « négatives ». D’ici la fin de 2024, la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles atteindra 12,5 milliards €. Pour combler son déficit, l’institution a dû emprunter cette année un peu plus d’un milliard €.
Un déficit chronique colle aux basques de l’institution francophone depuis de nombreuses années, contribuant à creuser une dette qui est aujourd’hui équivalente à ses recettes annuelles ! Une situation qui appelle des réformes afin de pérenniser le bon fonctionnement de l’institution. La majorité actuelle MR-Les Engagés a pris la décision de ramener la FWB à l’équilibre d’ici dix ans et de réduire le déficit de moitié pour 2029.
Dans ce contexte morose, le budget 2025 comprend, sans surprise, une série d’économies, dont les syndicats se sont emparés pour faire monter la pression.
FAUX : CDI vs nominations
En l’état, le gouvernement de la FWB a annoncé la fin des nominations en janvier 2025 pour les agents des administrations mais pas pour les enseignants. On ne touche donc pas au fameux barème 501. Quant à l’instauration d’un CDI dédié au monde enseignant, il ne sera certainement pas mis en œuvre avant 2027.
FAUX : disponibilité et « pot maladie »
La suppression de la DPPR (Disponibilité Précédant la Pension de Retraite) n’a, pour l’heure, fait l’objet d’aucun projet de texte. Pour ce qui est du « pot maladie » (ce système qui permet de capitaliser les jours de maladie pour partir plus tôt à la retraite), celui-ci va faire l’objet d’une évaluation afin de prévenir tout abus. Pour autant, ici non plus, il n’y a actuellement aucun projet de texte sur la table.
L’épineuse question des pensions est aussi évoquée par les syndicats qui affirment que certains enseignants pourraient perdre de 300 à 600 € par mois ! Là aussi, il n’y aucun projet concret sur le métier. Qui plus est, si un CDI pour le monde enseignant devait être mis en œuvre, un 2e pilier de pension, spécifique aux enseignants, serait déployé. Et pour rappel, rien ne change pour les enseignants déjà nommés.
VRAI : réduire le nombre d’options peu fréquentées
La majorité MR-Les Engagés entend faire de l’enseignement qualifiant un enseignement qui forme à un métier et qui est choisi délibérément par l’élève (et n’est donc plus une « filière de relégation »). Pour ce faire, la ministre Valérie Glatigny souhaite inciter les établissements à se spécialiser plutôt qu’à multiplier des options où l’on retrouve parfois deux élèves par classe. Actuellement, pas moins de 2.700 options comptent moins de 10 élèves et 1.300 ont une offre similaire à moins de 10 km.
FAUX : pertes d’emploi dans le qualifiant
La ministre libérale a également confirmé qu’il n’y aurait pas de perte sèche d’emploi, même si la rationalisation des options pourra, dans certains cas, entraîner des pertes de charges. En la matière, un accompagnement est prévu pour les professeurs qui perdraient des heures de cours. Néanmoins, le secteur du qualifiant est en pénurie de professeurs… On cherche donc plus à engager qu’à recaser.
VRAI : pas d’élèves de 19 ans en 3e secondaire
Pour ce qui est des élèves, les étudiants majeurs en décrochage scolaire depuis plus d’un an ne pourront plus se réinscrire en 3e et 4e années secondaires. Des élèves de 19 ans et plus ne se retrouveront donc plus dans des classes prévues pour des élèves de 15 à 16 ans. Ce public en décrochage sera redirigé vers l’enseignement pour adultes ou vers des formations. Pour autant, le gouvernement de la FWB entend restreindre l’accès des élèves majeurs (50 % ont 20 ans et plus !) à l’enseignement qualifiant lorsque ceux-ci sont déjà détenteurs d’un CESS. Ici aussi, il existe des alternatives pour eux au sein de l’enseignement pour adultes ou de l’IFAPME par exemple.
FAUX : fermetures d’options de 7e année
Contrairement à ce qu’affirment les syndicats, aucune fermeture d’options de 7e année n’est sur la table.
VRAI : près de 16 millions dans des politiques nouvelles
Sans surprise, les syndicats oublient d’évoquer les mesures qui sont mises en place pour soutenir le système éducatif. À l’image de la valorisation des secondes carrières pour les professionnels venant du privé qui souhaitent se reconvertir dans des fonctions d’enseignement en pénurie (3,5 millions € ont été alloués à ceci), du renforcement des pools de remplacement qui permettent de pallier le manque d’enseignants dans les écoles (1,5 million €), de la mise en œuvre d’une véritable équité entre les réseaux scolaires (un enfant = un enfant, qu’il soit dans l’officiel ou dans le libre) afin de corriger la différence de financement qui perdurait depuis des décennies (5 millions €). On parle également d’un budget de 200.000 € qui va permettre aux enfants malades de longue durée de garder le contact avec leur classe et de poursuivre leur scolarité à distance. Au total, pas moins de 15,9 millions vont être investis dans des politiques nouvelles.
La Rédaction
(Photo Belgaimage : athénée royal Gatti de Gamond, Bruxelles)