Le syndicat indépendant METISP-Protect a déposé un préavis de grève d’un mois, du 2 au 30 mars, couvrant tous les agents du rail belge. Ses revendications portent sur la réduction budgétaire (jusqu’en 2029), le report de l’âge de départ à la retraite et la suppression du service RH des chemins de fer. Or une grève de neuf jours commence dès ce vendredi 21 février, menée par le Syndicat indépendant des cheminots (SIC). Le Syndicat autonome des conducteurs de train (SACT), autre syndicat indépendant, a également annoncé une grève du 23 au 28 février.
Si HR-Rail juge irrecevable les arguments de METISP-Project, le ministre de la Mobilité, Jean-Luc Crucke (Les Engagés), a vivement critiqué ces mouvements, les qualifiant de « prise d’otage » des usagers. Il refuse tout dialogue avec les syndicats SIC et SACT, leur reprochant d’avoir lancé ces grèves sans concertation préalable. Toutefois, il assure que les modalités d’application du plan d’économie restent négociables. Il reste donc ouvert au dialogue…
Bras de fer politicien
L’annonce de cette grève « préventive » d’un mois entier, sur fond de tensions autour des réformes ferroviaires, dépasse de loin la simple revendication sociale. C’est un bras de fer politicien mené par des syndicats minoritaires qui veulent exister dans le paysage syndical, au prix d’un blocage massif. En effet, le SIC, le SACT et METISP-Protect ont une représentation limitée. Les deux principaux syndicats représentatifs du rail en Belgique sont la CGSP-Cheminots (FGTB) et la CSC-Transcom. Ces organisations sont les plus influentes dans les négociations avec la SNCB et le gouvernement.
Les « petits » syndicats cherchent-ils à faire plier le gouvernement en instrumentalisant les travailleurs du rail ? On peut le penser.
En outre, le service minimum, censé garantir une continuité de l’offre ferroviaire en cas de grève, sera-t-il respecté ? Il impose aux grévistes de se déclarer 48 heures à l’avance, afin d’organiser un plan de transport réduit. Mais l’expérience montre que ce dispositif est parfois contourné : absentéisme de dernière minute, pression sociale sur les non-grévistes… L’objectif n’est plus seulement dès lors de peser sur l’employeur, mais de paralyser tout un pays.
Stratégie de confrontation
La SNCB, financée par les impôts de tous, a le devoir de garantir un minimum de service aux milliers de Belges qui dépendent du train pour aller travailler. Si cette grève massive devait rendre le rail complètement impraticable, le gouvernement devra prendre ses responsabilités et envisager des sanctions contre les abus du droit de grève.
On a l’impression que les syndicats qui participent à ce blocage ne défendent plus les cheminots, mais une stratégie de confrontation. Et ce sont, comme toujours, les usagers qui paient l’addition.
Nicolas de Pape
(Photo Belga : Hatim Kaghat)