Dans la suite de notre entretien avec Herman Craeninckx, nous interrogeons l’avocat d’affaires sur la responsabilité des gouvernements dans la crise multifactorielle en cours. Pour lui, il faut impérativement remettre le citoyen au centre du jeu.
21News : Dans le cadre des négociations visant à la formation d’un gouvernement bruxellois, que préconisez-vous ?
Herman Craeninckx : Nous avons besoin de politiciens respectueux, courageux, et déterminés. Respectueux, car il s’agit d’écouter l’opinion de l’autre. On peut ne pas être d’accord, mais il faut écouter le point de vue opposé. Mais, puisque nous sommes dans une démocratie, il faut aussi tenir compte du résultat des élections, ce qui est une autre marque de respect. Or le respect pour l’instant se perd. Nous devons également être courageux. Il faut défendre ses opinions, et expliquer pourquoi celles-ci sont dans l’intérêt du citoyen. Le respect c’est l’écoute, et le courage, c’est oser prendre la responsabilité de ses opinions.
Le troisième volet, c’est la détermination. Un ami siégeant au Parlement bruxellois me disait récemment, en substance, « Herman, tu n’as rien compris ; tu es une homme de convictions, or en politique il faut composer ». Je ne suis pas d’accord avec cela. À un moment, il faut être déterminé et faire imposer les idées qui ont été adoubées par le citoyen. Composer, je ne suis pas sûr de comprendre ce que cela signifie.
La fin des compromis
À un moment donné, c’est l’intérêt de la ville et de ses citoyens qui doit primer. Si, au niveau décisionnaire, chacun désire avoir une « partie du gâteau », on ne va nulle part et on court vers l’immobilisme total. Je crois que la position de compromis a ses limites. Comme disait Herman de Croo, « la Belgique est un pays de compromis, mais à un moment donné, au regard de la somme des intérêts particuliers, on ne fait plus que compromis et on ne sait plus faire de la politique ».
Nous avons un système complexe à Bruxelles, et j’avoue que la façon dont les institutions y sont pensées, notamment au niveau des doubles majorités, ne participe pas à rendre le travail facile. Mais à un moment il faut être déterminé. Bruxelles a énormément d’atouts. C’est une ville connue, qui est bien située, au carrefour de nombre de pays et, au regard de l’Histoire, notre caractère de pays « créé par les grandes nations » fait aussi notre particularité, notre richesse, et notre souplesse.
« Une question d’image »
L’enjeu, ce n’est pas uniquement la sécurité et la propreté, mais également donner l’image aux investisseurs étrangers, aux organismes et aux institutions étrangères qu’ils sont les bienvenus chez nous. Je ne comprends pas dans ce contexte que l’on mette plus de 9 mois pour se mettre d’accord sur quelque chose qui semble évident.
Il faut une plus grande collaboration entre le public et le privé. Nous ne disposons pas en Belgique de cercles dans lesquels les politiciens et les patrons se rencontrent. Or, ces rencontres pourraient dissiper nombre de malentendus. L’État aurait par exemple intérêt à se limiter à détenir 49% du capital dans des sociétés publiques-privées. Ainsi ces sociétés seraient gérées par des professionnels dans l’intérêt de tous les actionnaires, dont bien évidemment l’État, qui en bénéficiera au premier plan, puisque le fonctionnement de ces sociétés serait meilleur, et les dividendes plus importants.
Quelqu’un officiant chez bpost me disait récemment que cette entreprise était une « institution sociale ». Mais non : bpost n’est pas une institution sociale mais une institution économique ; la preuve en est qu’elle est cotée en Bourse. Il faut à un moment accepter que la prospérité capitaliste peut être parfaitement combinée avec une dimension sociale où les plus fragilisés sont pris en considération.
21News : Comment se positionner au mieux pour « Bruxelles 2030 » ?
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