« Il pourrait y avoir au sein de la curie un léger « retour en arrière » qui s’exprimera peut-être lors du prochain conclave » (Christian Laporte)

Pour Christian Laporte, ancien expert de affaires vaticanes pour nos confrères de La Libre, le règne du pape François a été marqué par un « progressisme » pas toujours abouti. Un retour vers un pontificat plus conservateur n’est, selon lui, pas à exclure.

21News : Comment le pontificat du pape François sera-t-il commenté dans les livres d’histoire ?

Christian Laporte : Je pense que François sera vu par l’Histoire comme un grand pape. Il a été installé en 2013, a pu régner sur le Vatican un peu plus de douze ans, mais, ce qui est évident et ce que l’on retiendra de lui, c’est sa volonté d’avoir voulu réformer l’Église, d’avoir de temps en temps donné des coups de pied dans la fourmilière « classique » de l’Église catholique. Il a jeté les bases d’un renouveau, même si en définitive il n’a pas pu procéder à toutes les réformes auxquelles il désirait s’attaquer. Mais sur le fond, et durant tout son pontificat, il aura essayé de montrer qu’il était l’homme du changement.

21News : Quel genre de personnalité peut-on prêter à François, avec un certain recul ?

C.L. : Il ne faut pas oublier que François était quelqu’un de « classique ». J’en veux pour preuve certaines choses qu’il a dites pendant et après sa visite apostolique en Belgique en septembre dernier. En même temps, c’est un latino-américain qui, à certains moments, a pu paraître un peu trop « macho » – osons le mot. D’un autre, son côté « proche du peuple » a pu séduire d’aucuns, que cela soit pendant sa période argentine ou, plus tard, durant sa période romaine. Le plus bel exemple, c’est que quand il a été élu pape, plutôt que de s’installer au Palais apostolique au Vatican, il a préférer se fixer à la maison Sainte Marthe, juste à côté, comme un pèlerin parmi les pèlerins. Une manière de montrer qu’il n’aimait pas trop les ors flambants de l’Église. Il préférait l’institution beaucoup plus pauvre et traditionnelle qu’il avait connue en Amérique latine.