L’ex-patron de l’Aéroport de Charleroi et ex-directeur opérationnel de Pairi Daiza tire le bilan de ses six premiers mois comme député wallon sous la bannière des Engagés. Combattif mais jamais agressif, le transfuge du « privé » vers la politique passe en revue ses priorités, ses ressentis et… son agacement face aux lenteurs.
21 News : Passer de la société civile à la politique était une évidence pour vous ?
Jean-Jacques Cloquet : Sincèrement, non. Comme chef d’entreprises, j’avais depuis 40 ans côtoyé le monde politique. Notamment Jean-Luc Crucke, quand j’étais administrateur délégué de l’Aéroport de Charleroi. Bien après, j’ai rencontré Maxime Prévot, de manière informelle. Lorsque je lui avais demandé comment cela se passait pour son parti, il m’avait répondu : « Je suis au fond de la piscine, je ne sais faire qu’une chose : remonter ». Plus tard, j’ai recroisé Maxime qui m’a proposé de rejoindre les Engagés. Quand survient une telle offre, vous réfléchissez car régulièrement, au cours de ma carrière, je me suis dit qu’il y avait un tas de choses à changer. J’ai trouvé très courageuse la mue initiée par Maxime Prévot et son équipe autour de ce parti rebaptisé « Les Engagés ». S’engager est plus que jamais essentiel. Il y avait aussi la volonté de ce parti rénové de s’adapter et s’ouvrir fortement aux acteurs privés, à la société civile. En choisissant les personnalités surtout pour leur expertise. J’ai donc accepté de rejoindre les Engagés en septembre 2023.
21 News : Une fois sur les listes, puis élu, sur quelles matières focalisez-vous votre travail parlementaire ?
J.-J. C. : Ex-manager d’entreprises, j’ai beaucoup d’affinités avec l’économie-emploi, volet que je tiens fort à l’œil. Je ressens une énorme frustration face à la désindustrialisation progressive subie par la Wallonie. Cela m’a toujours choqué. Deux des défis majeurs dans lesquels je veux m’investir sont cette ré-industrialisation du tissu économique wallon et la recréation d’emplois. Je m’intéresse aux projets concernant plus spécifiquement le Hainaut, où j’ai passé quasi toute ma vie, comme la réaffectation du site de Caterpillar Gosselies. Ça prend bien trop de temps ! Cela fait quasi 10 ans que nous sommes avec un site à l’arrêt et pourtant idéalement situé. Il y a aussi Aerospace Lab et une tripotée d’autres projets utiles à la ré-industrialisation et à fabriquer des produits de haute qualité mais en Wallonie.
« On a des pépites en Wallonie »
21 News : D’autres axes ?
J.-J. C. : Comme ingénieur polytechnicien énergéticien, j’aime être méthodique. Il serait bien de disposer d’une cartographie phasant dans le temps les grandes transitions nécessaires en matière de politique énergétique. Il est évident que nous devons quitter les énergies fossiles et rester vigilant par rapport au nucléaire tout en étant conscient que ce n’est pas un outil à jeter comme ça. Il y a aussi l’éolien offshore. On sait aussi que les projets environnementaux – photovoltaïque, agri-photovoltaïque, biométhanisation et autres – suscitent la méfiance/défiance des gens. C’est pourquoi nous devons travailler à une planification pour réaliser nos grands objectifs, telle la neutralité carbone en 2050 grâce aux énergies vertes. Troisième volet qui me mobilise : la mobilité, à laquelle le secteur aérien m’a sensibilisé. La problématique est gigantesque surtout pour les villes. Il faut mener un travail de fond pour la faciliter. Enfin, j’ai pris conscience lors de mon passage à la tête de Pairi Daiza de l’importance du « tourisme économique ». On a des pépites en Wallonie. Chaque acteur de cet univers génère des petits emplois pérennes et non délocalisables. Je suis Vice-Président de la Commission énergie, mobilité, logement. Une fonction qui me permet de suivre de près certains de ces axes essentiels.
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