Alors que, selon un sondage mené avec les moyens du bord, la moitié des Gazaouis expriment leur souhait de quitter l’enclave, les manifestations populaires contre le Hamas viennent balayer les certitudes des militants « propalestiniens » occidentaux. Ceux-là même qui, par aveuglement ou complicité idéologique, oublient volontairement que le Hamas est d’abord une théocratie frériste, misogyne, homophobe et autoritaire. Et que ce régime, qui prétend défendre les Palestiniens, pourrait mettre fin à leurs souffrances dès demain… en déposant les armes.
Depuis le début avril 2025, de nouvelles manifestations ont secoué la bande de Gaza. Le 16 avril, à Beit Lahia, des milliers de Palestiniens ont bravé la peur pour dénoncer la gouvernance du Hamas et réclamer la fin de la guerre avec Israël. Scène rare : des pancartes ont fleuri appelant à la paix, à la liberté, à la fin du terrorisme et du blocus. Toutes générations confondues – enfants, adultes, personnes âgées – sont descendues dans la rue, prouvant que le ras-le-bol dépasse les lignes partisanes.
Le Hamas perdrait les élections… s’il les autorisait
Le « Camp du Bien » en Europe feint de ne rien voir. Et pour cause : ces soulèvements populaires dérangent la grille de lecture binaire des ONG, partis d’extrême gauche et influenceurs médiatiques. Le Hamas, perçu comme un « mouvement de résistance », y est sanctuarisé – jamais interrogé, encore moins critiqué. Or, les faits sont têtus : selon un sondage mené en janvier 2025 par l’Institute for Social and Economic Progress, seuls 5,3 % des Gazaouis voteraient aujourd’hui pour le Hamas. Et rappelons que les dernières élections dans la bande de Gaza remontent à 2006.
Un autre sondage, publié en mars par Gallup International, donne une idée du désespoir ambiant : plus de la moitié des habitants souhaitent quitter Gaza. L’attachement au régime en place semble pour le moins relatif… Mais là encore, silence radio. L’Égypte, pourtant voisine et politiquement proche d’Israël sur ce dossier, ne se presse pas pour accueillir ces candidats à l’exil. Preuve supplémentaire que l’image victimaire du Hamas ne convainc plus vraiment au Moyen-Orient, hors cercles islamistes.
Les indignés sélectifs se taisent
Évidemment, ni Rima Hassan ni les autres figures de la cause « propalestinienne » n’ont commenté les protestations. Pas plus que les médias qui leur offrent une tribune permanente. Que des Gazaouis crient leur colère contre un régime qui les a conduits au désastre ne cadre pas avec la narration idéologique dominante. Dans cette grille de lecture, Israël est par définition coupable — État colonial, voire génocidaire —, et le Hamas, une réponse légitime à « l’occupation », qui a pourtant officiellement pris fin en 2005.
Le grand public occidental ignore largement ce que signifie vivre sous le régime du Hamas : opposants emprisonnés, torturés, parfois exécutés ; aucune liberté d’expression ; instrumentalisation systématique des civils comme boucliers humains. Le drame, c’est que la situation actuelle aurait pu être évitée. Si le Hamas avait fait de Gaza une zone de développement, ouverte à ses voisins et tournée vers la coopération, le conflit n’aurait jamais pris cette tournure. Au lieu de quoi, il a choisi l’idéologie de la guerre éternelle. Une reddition aujourd’hui mettrait fin aux combats. Mais cela signifierait abandonner la cause, la posture et les slogans — ce à quoi le Hamas, comme ses soutiens occidentaux, n’est manifestement pas prêt.
Nicolas de Pape
(Photo : Marco Longari / AFP)