La Belgique reste à la traîne en Europe dans la lutte contre l’antisémitisme. Lors des 55 ans du CCOJB, les représentants juifs ont sonné l’alarme et réclamé une stratégie nationale. Plusieurs responsables politiques ont répondu à l’appel.
« Il est minuit moins cinq. » Le président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), Yves Oschinsky, n’a pas mâché ses mots. À l’occasion du 55e anniversaire de cette instance représentative, il a exhorté les autorités à désigner un coordinateur national et à mettre en œuvre une stratégie ambitieuse pour contrer l’antisémitisme, dont la progression inquiète de plus en plus la communauté juive.
Selon lui, la Belgique est l’un des derniers pays européens à ne pas s’être doté de tels outils. Et le climat actuel ne fait qu’aggraver les choses : « La haine s’insinue, la peur s’installe, l’inconfort des familles juives se ressent de plus en plus », a-t-il averti. Il redoute que de nombreux Juifs soient tentés de quitter le pays si rien ne change.
Des réactions au sein de la majorité politique
Plusieurs figures politiques francophones de la majorité fédérale ont exprimé leur soutien. Le ministre de la Mobilité Jean-Luc Crucke (Les Engagés) a appelé à « une stratégie concrète, ambitieuse et concertée ». Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, en a fait « un engagement » et annoncé le dépôt d’une proposition de loi pour instaurer un véritable coordinateur de la lutte contre l’antisémitisme, avec un mandat politique clair. « La solution actuelle, purement administrative, est insuffisante. Ce combat est un baromètre de notre démocratie », a-t-il plaidé.
Bouchez a poursuivi : « La solution actuelle qui consiste à confier cette mission à un coordinateur administratif ne peut être acceptée au vu du défi qui est devant nous (…) La lutte contre le racisme est indispensable, la lutte contre l’antisémitisme l’est tout autant. La manière dont un pays traite les Juifs en dit beaucoup sur sa situation démocratique. Aujourd’hui, l’atteinte aux Juifs va de pair avec la montée des extrémismes, du communautarisme et des revendications illibérales », a souligné M. Bouchez.
Un consensus semble naître, mais les attentes sont élevées. Pour le CCOJB, il ne s’agit plus d’une question symbolique, mais d’un enjeu vital.
La Rédaction
(Photo : Belgaimage)