Ce lundi 31 mars, une grève générale paralyse à nouveau le pays. Les trains ne roulent plus, les aéroports ferment, les écoles désertent, les services publics s’arrêtent. Une journée “symbolique”, disent les syndicats. Mais le symbole est éloquent : alors que l’Europe se redresse, que les grandes puissances accélèrent, la Belgique campe sur le quai.
Cela fait six mois que les élections ont eu lieu. Six mois pour accoucher d’un gouvernement, fruit d’un scrutin sans équivoque. Le signal envoyé par les électeurs était pourtant limpide : assez du statu quo. Les partis qui composent aujourd’hui la coalition De Wever I (à l’exception du CD&V) sont tous sortis renforcés des urnes. Le pays a voté pour le changement, pour l’ordre, pour le redressement.
Un timing absurde
Et pourtant, la première réponse des syndicats, c’est le sabotage. Le blocage préventif. Une journée de paralysie générale… qui en annonce bien d’autres et qui va coûter bonbon. À la SNCB, on parle déjà de perturbations pour des semaines. Est-ce cela, le sens des responsabilités en 2025 ?
Le timing est absurde, presque suicidaire. Jean Hindriks, de l’institut Itinera, a rappelé sur 21News l’état dramatique de nos finances publiques : 30 milliards de déficit structurel, une dette incontrôlable, une fiscalité décourageante. Bruxelles, la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles : toutes sont en faillite virtuelle. Dans la capitale, la Région ne parvient même plus à former un gouvernement digne de ce nom. Et face à cette urgence, que propose-t-on ? La grève.
La Belgique à la traîne
Pendant ce temps, le monde avance. L’Europe se réarme — parce qu’elle n’a plus le choix. La guerre est de retour, à nos portes. L’OTAN exige des efforts. L’Ukraine, mais aussi l’Arménie, le Proche-Orient, le Sahel, Taïwan : les foyers de tension se multiplient. L’histoire s’accélère, et nous devrions rester en gare ?
Il faut investir. Massivement. Dans la défense. Dans l’intelligence artificielle. Dans les biotechs. Dans l’énergie du futur. Si nous ne faisons rien, nous serons technologiquement largués. L’Allemagne réindustrialise à marche forcée. L’Italie relance son appareil productif. L’Espagne réduit ses déficits. Et nous ? Nous faisons grève.
Le prix de l’énergie est aujourd’hui trois à cinq fois plus élevé en Belgique qu’aux États-Unis ou en Chine. Faut-il s’étonner que les investisseurs fuient ? Sur le plan économique, le décrochage est flagrant : le PIB total de l’Union européenne ne représente plus que la moitié de celui des États-Unis. Et le PIB par habitant, indicateur de la richesse moyenne et de la productivité, a chuté de 77 % du niveau américain en 2000 à seulement 70 % aujourd’hui.
Se retrousser les manches
Il est temps de sortir de cette culture du blocage, de l’assistanat, de la plainte perpétuelle. Travailler n’est pas une punition. Réformer n’est pas un crime. Et la prospérité ne tombera pas du ciel : elle se construit. Par l’effort, par la discipline, par la compétitivité. Ceux qui prennent aujourd’hui le pays en otage sont les mêmes qui refusent depuis 20 ans toute réforme sérieuse. Ils ne parlent plus au nom des travailleurs, mais au nom de leur appareil syndical.
Il faut se retrousser les manches. Créer des emplois. Réduire les charges. Réformer les pensions. Numériser l’État. Rendre les ministères plus efficaces. Libérer l’énergie des PME. Redonner du sens au mérite et au travail. Ce n’est pas seulement un impératif économique : c’est une urgence civilisationnelle.
Nicolas de Pape
(Photo Belga : Éric Lalmand)