Alors que la demande mondiale d’électricité explose, l’énergie nucléaire s’apprête à franchir un cap historique en 2025, annonce l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Soutenue par des réacteurs modulaires, des investissements accrus et des politiques ambitieuses, elle fait face cependant à des défis majeurs : coûts élevés, retards et concentration des chaînes d’approvisionnement.
L’énergie nucléaire devrait atteindre une production record en 2025, renforçant ainsi la sécurité énergétique dans un contexte de forte croissance de la demande électrique mondiale. Un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne cet élan, porté par des réacteurs modulaires innovants (SMR), de nouvelles politiques et des investissements croissants. Cependant, des défis significatifs subsistent, tels que les dépassements de coûts, les retards de projets et la nécessité de financements solides.
Statut actuel et enjeux
Deuxième source mondiale d’électricité bas-carbone après l’hydroélectricité, le nucléaire représente près de 10 % de la production électrique mondiale. Face à l’essor des véhicules électriques, des data centers et des industries énergivores, son rôle devient essentiel. Néanmoins, de nombreuses installations existantes, situées principalement dans les économies avancées, sont vieillissantes.
« En parallèle, la carte mondiale du nucléaire se redessine : la Chine et la Russie dominent les nouveaux projets, avec respectivement 25 et 23 réacteurs en construction depuis 2017. Par ailleurs, la production et l’enrichissement de l’uranium restent très concentrés, la Russie représentant 40 % des capacités mondiales d’enrichissement. »
Avancées technologiques
Les innovations, notamment les SMR, redéfinissent le secteur. Ces réacteurs plus petits et plus rapides à construire offrent des réductions de coûts potentielles et une plus grande flexibilité. Selon l’AIE, « ces technologies pourraient atteindre 80 GW de capacité d’ici 2040, représentant 10 % de la capacité nucléaire mondiale. Toutefois, leur succès dépendra de la réduction des coûts, qui devra être comparable à celle de l’hydroélectricité et de l’éolien offshore ».
Un scénario de croissance rapide du nucléaire nécessiterait un doublement des investissements annuels, atteignant 120 milliards USD d’ici 2030. Compte tenu de l’ampleur des infrastructures à financer, l’implication du secteur privé est cruciale. La prévisibilité des flux financiers et des cadres réglementaires stables sera essentielle pour attirer ces capitaux. De grandes entreprises technologiques signent déjà des contrats d’achat d’électricité avec des développeurs nucléaires, illustrant l’intérêt du secteur privé pour cette énergie fiable et propre.
Un rôle stratégique pour les gouvernements
Les gouvernements doivent fournir une vision stratégique et des politiques stables pour exploiter pleinement le potentiel du nucléaire. Des incitations publiques et des financements ciblés peuvent déclencher les investissements nécessaires pour offrir une énergie propre et fiable. L’AIE souligne que « l’avenir du nucléaire repose sur une coopération internationale accrue, des chaînes d’approvisionnement diversifiées et des progrès significatifs en matière de financement ».
« En conclusion, l’énergie nucléaire se trouve à un tournant. Portée par des avancées technologiques, un intérêt accru du secteur privé et un soutien politique, elle peut répondre aux besoins énergétiques croissants tout en contribuant aux objectifs climatiques mondiaux. »
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A.G.
(Photo Belgaimage : Centre Nucléaire de Production d’électricité du Bugey (Isère) / HEMIS)