Accueil » L’Alliance bancaire pour le climat jette du lest

L’Alliance bancaire pour le climat jette du lest

par A.G.

Le nouveau guide de la Net-Zero Banking Alliance, publié ce 15 avril 2025, propose aux banques un cadre volontaire pour fixer leurs objectifs climatiques. Derrière l’ambition affichée d’alignement avec l’Accord de Paris, le texte prévoit une grande souplesse d’interprétation et d’application. Un cadre qui laisse une large marge de manœuvre aux établissements bancaires, au risque de ralentir la transition énergétique. Une tendance de plus en plus lourde.

Le Guide pour la fixation des cibles climatiques des banques, publié par la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), se présente comme un outil d’accompagnement. Il n’impose aucune obligation juridique ni standard de conformité. Chaque banque conserve une pleine autonomie dans la définition de ses objectifs, les moyens de les atteindre et les échéances retenues.

Le texte précise que les membres sont responsables de leurs propres choix et qu’ils n’assument pas les résultats dépendant de facteurs extérieurs. Ce positionnement volontaire est cohérent avec la philosophie de la NZBA, qui repose sur l’adhésion libre et l’initiative individuelle.

Des objectifs à la carte

Le guide recommande de fixer des cibles climatiques à long terme (2050 ou avant) et à moyen terme (2030 ou dans cinq ans). Toutefois, les banques peuvent ajuster librement leur calendrier, choisir leurs propres méthodologies de calcul, s’appuyer sur des hypothèses internes, ou même fixer des plages de valeurs au lieu de points précis. Elles peuvent aussi décider de ne pas inclure certaines activités dans leur périmètre, si elles estiment que les données ne sont pas disponibles ou si la sensibilité commerciale le justifie.

Cette flexibilité méthodologique, souvent présentée comme nécessaire pour s’adapter à la diversité des situations, peut aussi ralentir la dynamique de transformation.

Le guide encourage les banques à couvrir, dans les trois ans suivant leur adhésion, une majorité des secteurs à forte intensité carbone : énergie, transport, acier, ciment, etc. Mais il leur est permis de ne pas couvrir certains de ces secteurs s’ils ne sont pas jugés « significatifs », sans qu’un seuil commun ne soit fixé. Par ailleurs, seules les entreprises dont plus de 5 % du chiffre d’affaires provient du charbon thermique doivent impérativement être prises en compte, ce qui exclut nombre d’acteurs indirectement impliqués.

Des délais et des exemptions qui s’accumulent

Les actions à engager peuvent s’étaler sur plusieurs années. Les cibles doivent être assorties d’un plan de transition « à haut niveau », mais ce plan peut être modifié ou ajusté au fil du temps. Une révision est attendue tous les cinq ans, sans obligation de résultats intermédiaires. Quant aux données utilisées pour évaluer les émissions, elles peuvent reposer sur des estimations, des proxys ou des méthodologies internes non publiées, sous réserve d’explications.

Enfin, les émissions compensées par des crédits carbone sont acceptées, à condition que ceux-ci soient certifiés et utilisés pour compenser des émissions résiduelles, là où les solutions technologiques sont jugées insuffisantes.

Une dynamique d’engagement progressive

L’approche retenue par la NZBA repose sur une logique de progrès par paliers, avec une montée en puissance attendue à mesure que les données s’améliorent et que les méthodes se normalisent. Le texte précise que la couverture des secteurs et des émissions devrait s’élargir dans le temps. Cette orientation permet d’intégrer progressivement des portefeuilles complexes, mais elle ne fixe pas de ligne rouge ou de seuil minimal universel.

A.G.

(Photo : Belpress)

You may also like

21News est un média belge francophone qui promeut la liberté, l’entrepreneuriat et la pluralité d’opinions.

Sélections de la rédaction

Derniers articles

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?