Sous la pression politique du nouveau gouvernement, la RTBF a été forcée de revoir drastiquement ses ambitions budgétaires. Le conseil d’administration de l’entreprise publique a approuvé ce vendredi une trajectoire financière plus austère pour la période 2025-2028, en réponse aux nouvelles directives du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le plan adopté prévoit une réduction globale de 12 % du budget d’ici 2028, soit une économie de 55 millions d’euros par rapport au budget de 2025. Pour y parvenir, la RTBF mise sur un savant mélange de nouvelles recettes, d’économies internes et de mesures sociales ciblées, tout en évitant les licenciements secs.
Concrètement, l’entreprise table sur 4,1 millions d’euros de revenus supplémentaires, principalement via le développement de projets numériques, de collaborations commerciales et peut-être une réévaluation de certaines offres de service.
Productions : la RTBF réduit la voilure
Mais l’essentiel de l’effort budgétaire se concentrera sur la réduction des dépenses. En rationalisant les achats et en optimisant certains processus, la RTBF espère économiser 22 millions d’euros. Des coupes seront également effectuées dans les contenus et services jugés non prioritaires, avec des ajustements éditoriaux à la clé.
La ministre des médias, Jacqueline Galant – ministre de tutelle de la RTBF – rappelle que l’institution publique « reçoit une dotation de base de 350 millions d’euros en 2025. On vous demande 11,8 millions d’économies [en 2025]. Je pense qu’il n’y a pas péril en la demeure. Il n’y aura pas de bain de sang social comme cela a été annoncé. Et de nouveau, cela se fait en parfaite collaboration avec les responsables de la RTBF, avec le Conseil d’administration ».
Des départs naturels non remplacés et des départs anticipés
Pour alléger la masse salariale sans recourir à des licenciements, un plan de départs volontaires anticipés sera mis en place. De plus, les postes vacants laissés par des départs naturels ne seront pas systématiquement remplacés. Ces mesures devraient générer 22 millions d’euros d’économies.
Un report ciblé de certains investissements permettra par ailleurs de dégager 5,5 millions d’euros supplémentaires.
Un contexte politique et économique tendu
Cette réorientation budgétaire est la conséquence directe de décisions politiques prises au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment la suppression de l’indexation automatique de la dotation et le gel d’une augmentation de 2 % pourtant prévue par la Déclaration de Politique Communautaire (DPC).
Depuis janvier, la direction générale planche sur une adaptation de sa stratégie budgétaire, désormais validée par le conseil d’administration. C’est à elle qu’incombera la lourde tâche de piloter la mise en œuvre de ces mesures, tout en assurant le dialogue avec les partenaires sociaux et les équipes internes.
Une stratégie de fond en préparation
Au-delà des ajustements budgétaires, la RTBF entend également repenser son positionnement dans un paysage médiatique en mutation rapide. Une note de réorientation stratégique est attendue dans les mois à venir. Elle devrait définir de nouvelles priorités éditoriales,technologiques et organisationnelles, en phase avec les contraintes budgétaires mais aussi les nouveaux usages du public.
Cette réforme marque un tournant pour l’audiovisuel public francophone belge, à l’heure où il doit continuer à remplir sa mission de service public avec moins de moyens mais autant d’ambitions. La capacité d’adaptation de la RTBF sera donc scrutée de près, tant par les citoyens que par les acteurs politiques et les partenaires du secteur médiatique.
La Rédaction
(Photo Belga : Éric Lalmand)
