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Le facteur de Notre-Dame de Paris est belge : nous l’avons rencontré

par Philippe Lamair
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L’inauguration de Notre-Dame de Paris restaurée aura lieu ce week-end. Cinq ans après l’incendie qui a dévasté l’édifice, la reconstruction est achevée. C’est un facteur belge, Johan Deblieck, qui a construit le nouvel orgue de Notre-Dame. Rencontre.

L’incendie dévastateur qui a ravagé Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019 est encore dans toutes les mémoires. On se souviendra que le lendemain, c’est une entreprise wallonne qui a fourni les poutres qui ont porté « à bout de bois » les murs de la cathédrale, l’empêchant ainsi de s’effondrer. Une consolidation qui a permis de sauver l’édifice. Cinq ans plus tard, la restauration du chef d’oeuvre de l’art gothique est terminée.

Pas moins d’un millier d’artisans ont collaboré à redonner vie et éclats à ce monument de Paris. Quelques entreprises belges y ont participé. Parmi elles : l’artisan Johan Deblieck. 

Un grand-père ébéniste, une grand-mère pianiste. Cet artisan a combiné l’amour du bois et de la musique en devenant facteur d’orgue. En 30 ans, il a fabriqué 150 orgues positifs. Ce qualificatif définit un instrument plus petit que l’orgue classique, muni de quatre jeux. Cet orgue peut être donc facilement transporté. On en joue dans les églises mais aussi pour de la musique de chambre. 

Parmi les références de Johan Deblieck on compte La Petite Bande (Sigiswald Kuijken), Collegium Vocale Gent (Philippe Herreweghe), Il Fondamento (Paul Dombrecht), Anima Eterna (Jos Van Immerseel), Concertgebouw Brugge, Bozar (Bruxelles), De Bijloke (Gand), De Singel (Anvers), Vlaams Radio Koor, Concertgebouw Amsterdam…

21 News a rencontré Johan Deblieck. Il nous raconte comme sa belle histoire avec Notre-Dame de Paris a commencé.

Johan Deblieck : Le 15 janvier 2023, j’ai reçu un coup de téléphone de la maîtrise de Notre-Dame me demandant si je pouvais fabriquer un orgue positif pour la fin octobre 2024. Je suis le seul facteur d’orgue à qui on a proposé ce travail. C’était une demande explicite de l’organiste de la cathédrale, Yves Castagnet. Avant l’incendie, il jouait déjà sur un de mes orgues. J’ai une trentaine d’instruments à Paris, dont certains sont en location. C’était le cas de Notre-Dame, mais maintenant la maîtrise de Notre-Dame voulait acquérir le sien. J’ai accepté. La restauration de la cathédrale est financée en grande partie grâce au mécénat. Et pour la petite histoire, mon orgue est financé par l’Académie Française.

21 News : Quelle a été votre réaction après ce coup de téléphone ? Vous avez cru à une blague ?

J.D. : Non pas du tout ! Je sentais bien que c’était assez sérieux. Mais après un simple coup de téléphone, je ne pouvais presque pas le croire. J’ai quand même été bouleversé et honnêtement, pendant trois semaines, un peu secoué. Quand le bon de commande est arrivé, je me suis dit maintenant c’est une réalité ! On va faire un orgue pour Notre-Dame de Paris.

21 News : Combien de temps pour construire cet orgue positif ?

J.D. : Pour l’orgue de Notre-Dame, il faut compter entre 5 et 6 mois.

21 News : Vous rentrez dans l’Histoire ?

J.D. : Je crois bien. Il m’ont dit « votre orgue est destiné pour rester toujours à Notre-Dame » même s’il est sur des roulettes et qu’il peut être déplacé d’un endroit à un autre de la cathédrale.

21 News : Cette commande, c’est le point d’orgue de votre carrière ?

J.D. : Je crois bien. D’un autre côté, pour moi, un des plus grands moments de ma carrière, c’est la commande de la Bach-Archiv à Leipzig pour le jubilé de l’église Saint Thomas, où Bach a dirigé et joué de l’orgue pendant 27 ans. Pour moi également, comme organiste, j’avoue que c’est le sommet. Pour Notre-Dame, c’est surtout le fait que je participe à la « résurrection » de la cathédrale qui me touche.

21 News : Facteur d’orgue : un métier ou une passion ?

J.D. : Les deux, mais on ne peut faire ce métier que si on a la passion car faire un instrument ce n’est pas trop difficile. En revanche, pour bien faire sonner un instrument, c’est une autre paire de manches.

Entretien : Philippe Lamair

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