Ancien doyen de la Louvain School of Management et président honoraire de l’Institut des réviseurs d’entreprises, le Pr Michel De Wolf partage, dans cette interview, son regard tranchant sur l’avenir de la capitale, les défis économiques belges et les priorités à fixer pour les prochaines années.
21News : En tant que professeur de droit des affaires et réviseur d’entreprises, vous êtes au cœur de la vie économique. Quel est votre sentiment sur l’état actuel de l’économie belge ?
Michel De Wolf : Je ne crois pas qu’il y ait une économie belge. Certes, il y a quelques spécificités fiscales, sociales et réglementaires, mais fondamentalement nous appartenons à la zone euro, et nous devons nous positionner par rapport à elle. Et notre zone euro souffre essentiellement de l’impact des évolutions démographiques, du manque d’innovation suffisante, ainsi que des incertitudes politiques, tout en bénéficiant d’une politique monétaire intelligente de la part de la Banque Centrale Européenne.
21News : Beaucoup d’entreprises soulignent les difficultés liées à l’indexation automatique des salaires ou au manque de profils qualifiés. Partagez-vous cette analyse ?
M.D.W. : L’indexation automatique des salaires n’est tenable, à court et moyen terme, que grâce à la loi du 26 juillet 1996 sur la compétitivité qui ramène à peau de chagrin les progressions barémiques hors index. Mais il s’agit en réalité d’un couple infernal, car il réduit, en pratique, à quasi rien la marge de différenciation et donc, d’attractivité des différents secteurs de l’économie. En particulier, cela ne favorise pas une réorientation naturelle de la main-d’œuvre, raréfiée par les évolutions démographiques, vers les secteurs d’avenir ou, tout simplement, en manque de main-d’œuvre.
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