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Le gouvernement De Wever : moins de cigales, plus de fourmis (Carte blanche)

par Contribution Externe

Le gouvernement De Wever, par ses mesures d’économies, rappelle aux Belges qu’un État ne peut vivre au-dessus de ses moyens. Pour paraphraser La Fontaine, les cigales ne peuvent s’appuyer en permanence sur les fourmis. Une carte blanche de Quentin Van den Eynde, avocat au barreau de Bruxelles.

Il fut un temps où la cigale chantait à tue-tête, insouciante des lendemains, tandis que la fourmi s’affairait, prévoyante et laborieuse. Cette fable de La Fontaine, maintes fois récitée à l’école ou à la maison, nous enseigne une vérité aussi simple qu’implacable : nul ne peut vivre éternellement au-dessus de ses moyens. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement fédéral de Bart De Wever se voit contraint de procéder à des coupes budgétaires pour assurer la continuité du fonctionnement de l’État belge et pour rétablir un relatif semblant d’équilibre dans ses finances.

Après la lecture de l’accord de gouvernement la semaine dernière (et même avant), de nombreuses réactions se sont manifestées. D’une part, les syndicats – et surtout la FGTB – réagissent avec véhémence en appelant à bloquer le pays par le biais de manifestations et de grèves nationales. Pour eux, l’assainissement de nos finances publiques apparaît comme un ennemi contre lequel il convient de mener une guerre. Cette posture belliqueuse, visant à combattre ce qui est inéluctable, est non seulement immature, mais elle ne défend en réalité ni les intérêts de leurs adhérents – qu’ils soient chômeurs ou travailleurs – ni ceux des générations futures, et ne contribue guère à la prospérité de notre nation.

L’argent public n’est pas un droit

D’autre part, certaines associations, souvent fortement politisées et historiquement bénéficiaires de la généreuse manne publique, expriment leur mécontentement face à la réduction imminente de « leurs » subsides. Elles prévoient d’ailleurs que cette baisse forcera, dans de nombreux cas, des licenciements et une réorganisation interne douloureuse. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’importance du monde associatif pour la solidarité et le tissu social de notre pays. Nombre de ces associations accomplissent un travail d’utilité publique indéniable. Cependant, certains organismes, dépendants du “système” tel qu’il s’est construit et complexifié au fil des années – et de l’argent des contribuables – ont fini par considérer ces fonds comme un droit inconditionnel plutôt que comme un appui transitoire. Le danger est alors de confondre la bienveillance de notre État-providence avec un chèque en blanc permanent. À terme, c’est la collectivité toute entière qui en paie le prix : une dette publique qui explose, un secteur de l’action publique de plus en plus politisé et un déséquilibre budgétaire chronique.

« On ne peut laisser proliférer l’idée que l’on puisse bénéficier de l’argent public sans conditions, sans limites ni contrôle. »

La « fourmi » de notre temps, ce sont ces nombreux Belges – travailleurs, entrepreneurs et contribuables – qui, en payant des impôts parmi les plus élevés au monde, constatent avec inquiétude le creusement continu des dépenses publiques. Si l’État doit se comporter comme une fourmi prévoyante, c’est parce que ses ressources ne sont pas infinies. Il existe des priorités – la santé, l’enseignement, la sécurité, la justice, notamment – pour lesquelles la rigueur budgétaire est cruciale afin de garantir des prestations de qualité sur le long terme.

Dans cette optique, la volonté du nouveau gouvernement de réduire certains financements publics, de limiter le chômage dans le temps, d’inciter un nombre considérable d’inactifs à retrouver une activité, et de transformer certaines « cigales » en « fourmis », est plus qu’indispensable. Un État qui compte davantage de bénéficiaires que de contributeurs court fatalement à sa perte. On ne peut laisser proliférer l’idée que l’on puisse bénéficier de l’argent public sans conditions, sans limites ni contrôle. Un État où la majorité vivrait de subsides sans réelle contribution productive deviendrait inévitablement un État failli.

Les cigales font preuve d’un conservatisme égoïste

Alors, assumons-le : oui, ces coupes budgétaires déplaisent à certains. Oui, elles imposeront une réforme du chômage et des retraites. Oui, le secteur associatif devra faire preuve d’une créativité renouvelée, nouer des partenariats innovants et intensifier ses efforts de professionnalisation pour réduire sa dépendance aux subventions publiques. Mais refuser de contribuer à la transformation de notre pays en rejetant tout ajustement, c’est céder à un conservatisme égoïste, c’est fermer les yeux sur la dure réalité illustrée par la cigale : un jour, quand la « bise » soufflera, plus personne ne sera là pour éponger les dérives financières.

Les choix budgétaires ne sont pas une fatalité, ils sont le fruit d’une responsabilité collective que chaque Belge doit assumer – il n’existe aucun passe-droit. Comme dans la fable, mieux vaut prendre les devants, planifier, épargner et rationaliser, plutôt que de chanter sans se soucier du lendemain. En ces temps de difficultés économiques et de dette publique historique, il est grand temps de méditer la leçon de La Fontaine : un État ne peut indéfiniment distribuer l’argent qu’il n’a pas. Pour éviter l’effondrement complet, mieux vaut commencer à appliquer cette sagesse dès aujourd’hui.

Quentin Van den Eynde, avocat au barreau de Bruxelles

(Photo Belga : Jonas Roosens)

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