Un journal papier entièrement rédigé par l’intelligence artificielle ? C’est ce que tente chaque jour le quotidien italien Il Foglio, en parallèle de son édition traditionnelle. Dans ce supplément expérimental (également diffusé en version électronique), tout est généré par IA : titres, éditos, articles, résumés, images. La machine signe même ses productions : Testo realizzato con AI.
Mais que les journalistes se rassurent : cette initiative, spectaculaire sur la forme, en dit long sur les limites structurelles de l’IA générative. Car derrière les algorithmes se trouvent encore… des humains. Ce sont eux qui posent les bonnes questions, orientent les angles, relisent les textes. Et lorsqu’il y a trop d’erreurs, on recommence.
« L’objectif, c’est de passer du débat gazeux à une réalité concrète », explique Claudio Cerasa, directeur du Foglio, interrogé par la RTBF. Il se défend de toute tentative de dévalorisation du métier. Au contraire : « C’est pour rappeler ce qui fait des journalistes des êtres irremplaçables. »
Si l’initiative a connu un joli succès commercial (+70 % de ventes selon le directeur), elle rappelle surtout ceci : l’IA peut reformuler, illustrer, synthétiser. Mais elle ne peut ni enquêter, ni flairer un scoop, ni poser les questions qui fâchent. L’actualité, l’émotion, la vérification, l’intuition : tout ce qui fait l’essence même du journalisme reste profondément humain.
Le défi est donc clair : comprendre l’outil, en tirer parti, sans céder aux mirages. Oui, l’IA est là. Oui, elle bousculera les routines. Mais non, elle ne remplacera pas ce que le journaliste fait de mieux : chercher, douter, vérifier, révéler.
La Rédaction
(Photo Belgaimage)
