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Le père d’un otage israélien : « Netanyahu me doit la libération de mon fils »

par Nicolas de Pape
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Homme de gauche et critique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Yehuda Cohen attend depuis des mois la libération de son fils, Nimrod Cohen, détenu par le Hamas depuis le 7 octobre 2023. Il parcourt l’Europe et l’Amérique pour rallier des soutiens politiques à sa cause. Il a même rencontré Nancy Pelosi (photo). Selon Yehuda Cohen, le gouvernement israélien ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour libérer les otages. Il affirme qu’un accord aurait pu être conclu depuis longtemps et croit savoir que son fils est encore en vie. Pour lui, le retour de Donald Trump pourrait renforcer les Accords d’Abraham et ouvrir la voie à une solution à deux États.

Yehuda Cohen raconte avec émotion le destin de son fils, Nimrod, membre d’une unité blindée de l’armée israélienne. Le matin du 7 octobre 2023, son unité est alertée en raison d’une invasion imminente et de tirs nourris. Déployés à la frontière pour repousser les infiltrations terroristes, lui et ses compagnons d’arme se retrouvent face à une panne mécanique de leur char. Cette défaillance les rend vulnérables. Rapidement submergés par le nombre de combattants du Hamas, leur char est neutralisé. Sur les quatre soldats de l’unité, trois sont tués, et seul Nimrod est capturé vivant.

La fiancée de Nimrod a été libérée lors du premier échange d’otages, qui a concerné principalement des femmes et des enfants. Yehuda Cohen, qui a raconté cette tragédie d’innombrables fois, insiste désormais sur l’urgence de la situation : « J’ai raconté cette histoire mille fois, mais mon seul objectif est de ramener mon fils sain et sauf. »

Critique du gouvernement israélien

Yehuda Cohen distingue clairement l’État israélien, le peuple et le gouvernement. Selon lui, l’État est une entité permanente, tandis que le gouvernement est temporaire. Il estime que le gouvernement actuel agit contre les intérêts du peuple en prolongeant inutilement le conflit. Il cite plusieurs occasions où un cessez-le-feu aurait pu être obtenu, notamment en décembre ou en janvier, mais le gouvernement a, selon lui, préféré y mettre fin.

En mai, après que les forces israéliennes ont sécurisé le corridor de Philadelphie à Rafah, Yehuda Cohen affirme qu’un accord pour libérer les otages était à portée de main, mais qu’il a été refusé. Selon lui, ces décisions mettent en danger la vie des soldats et des otages. La fuite de documents confidentiels vers des médias étrangers aurait également compromis leur sécurité.

Il croit que les choix du Premier ministre Netanyahu sont guidés par des considérations politiques : « Netanyahu semble prolonger la guerre pour des raisons personnelles et politiques, au détriment de la sécurité nationale », affirme Yehuda Cohen.

La situation des otages et l’opinion publique

D’après Yehuda Cohen, l’opinion publique israélienne est majoritairement favorable à un accord pour libérer les otages et instaurer un cessez-le-feu. Il cite des sondages indiquant que 70 % des Israéliens soutiennent cette démarche. Pourtant, le gouvernement reste inflexible. Il évoque également Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre, qui, selon lui, exercerait une pression psychologique sur les familles des otages pour les décourager de protester.

Le gouvernement affirme éliminer des terroristes du Hamas, mais Yehuda Cohen soutient que de nouvelles recrues prennent rapidement le relais (il évoque potentiellement 10.000 nouvelles recrues) : « Plus de la moitié des habitants de Gaza ont moins de 18 ans, assurant un flux constant de nouveaux combattants. »

Lors des premières opérations dans le nord de Gaza, un cessez-le-feu temporaire avait permis de libérer 104 otages. Yehuda Cohen déplore que cette trêve ait été rompue, condamnant ainsi d’autres otages à une mort certaine. En août, six otages ont été tués lors d’une opération militaire, une tragédie qu’il estime évitable : « Des millions d’Israéliens ont manifesté le 1er septembre pour réclamer un cessez-le-feu, mais le gouvernement est resté sourd », affirme-t-il.

Les solutions proposées

Yehuda Cohen plaide pour une solution politique afin de mettre fin au conflit. Il appelle à une coopération régionale avec des pays comme l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, qui partagent, selon lui, un intérêt commun pour contenir l’influence de l’Iran. Il estime qu’affaiblir l’Iran réduirait la menace posée par le Hamas et le Hezbollah.

Pour Yehuda Cohen, la normalisation avec l’Arabie Saoudite est une étape cruciale, mais elle ne peut être atteinte tant que le conflit continue. Il croit que seul un cessez-le-feu accompagné d’un accord de libération des otages permettra d’avancer. Il pointe Netanyahu comme le principal obstacle à cette issue : « Tant que Netanyahu sera au pouvoir, il sera difficile de progresser vers une solution politique », affirme-t-il.

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