En 2024, alors que le nombre de demandes d’asile a diminué dans l’Union européenne, la Belgique a enregistré une hausse de 13 %. Ce constat a suscité des débats à la Chambre, où il est apparu que le flux des demandeurs d’asile exerce une pression croissante sur les capacités d’accueil et les finances publiques. La secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Nicole De Moor (cd&v), a pointé du doigt des facteurs extérieurs, notamment la politique migratoire de l’Union européenne et des autres États membres.
« Pour cela, nous avons besoin de frontières extérieures mieux contrôlées », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il était problématique que des personnes puissent continuer leur voyage après avoir demandé l’asile dans un autre pays.
Cette préoccupation a été alimentée par plusieurs déclencheurs récents : la publication de données par Eurostat sur les neuf premiers mois de 2024 et un article marquant dans le journal De Tijd. Les chiffres montrent que, contrairement à la Belgique, des pays voisins comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas ont enregistré une diminution des demandes d’asile. L’Autriche, en particulier, a réussi à réduire ces demandes de 62 % grâce à une politique migratoire plus stricte.
Le « shopping de l’asile » coûte cher à l’État belge
Un phénomène attire l’attention : le « shopping de l’asile ». Des demandeurs d’asile déposent plusieurs demandes dans différents pays européens. En Belgique, ce phénomène contribue à l’augmentation du nombre de dossiers traités par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA). Les dernières données indiquent que le nombre de demandes d’asile pourrait atteindre le deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré, après le pic de 2015 marqué par la crise migratoire.
L’augmentation concerne notamment les demandeurs d’asile palestiniens ayant initialement demandé protection en Grèce ou en Bulgarie. Ces doubles demandes ajoutent une charge de travail supplémentaire pour le CGRA, avec des conséquences sur les délais de traitement et les coûts de l’accueil.
Face à cette situation, Nicole De Moor a annoncé son intention de faire appel systématiquement des décisions du Conseil du contentieux des étrangers (CCE) qui accordent le statut de réfugié à des personnes déjà reconnues dans un autre pays de l’Union Européenne. Elle a également souligné que des mesures concrètes étaient prises pour limiter l’afflux, tout en espérant que les négociations gouvernementales en cours aboutiraient à des solutions durables.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur trois mois seulement, de janvier à mars, le budget nécessaire pour l’accueil des demandeurs d’asile s’élèvera à 235 millions d’euros. Un montant équivalent à celui de l’année entière en 2017.
Le débat sur la politique migratoire et les coûts de l’accueil demeure donc une question cruciale, avec des implications financières et sociales majeures pour le pays. La nécessité d’une coopération européenne renforcée et de politiques efficaces reste au cœur des préoccupations.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage : la ministre Nicole De Moor à la Chambre)