Depuis 1979, le terrorisme islamiste a causé des ravages à l’échelle mondiale. Avec 66 872 attentats recensés jusqu’en avril 2024 et 249 941 morts, la majorité depuis 2001. L’accélération observée depuis 2001 illustre une mutation profonde des méthodes, des acteurs et des objectifs des groupes jihadistes. Même si la majorité des victimes vivent en pays musulmans, en Europe la France et la Belgique sont particulièrement touchées.
Selon les données fournies par la Fondation pour l’innovation politique (FONDAPOL), le nombre total d’attentats islamistes entre 1979 et avril 2024 s’élève à 66 872. Cette période, couvrant un peu moins de cinq décennies, est marquée par une évolution exponentielle du phénomène.
- De 1979 à 2000, environ 1 500 attentats ont été recensés, soit une moyenne d’environ 68 attaques par an. Cette période, bien que déjà préoccupante, reste relativement contenue par rapport à ce qui allait suivre.
- Entre 2001 et 2012, on observe une nette accélération avec 15 126 attentats enregistrés, multipliant par dix le rythme annuel des décennies précédentes. Cette période inclut des événements marquants tels que les attentats du 11 septembre 2001 et la montée en puissance de groupes comme Al-Qaïda.
- Entre 2013 et avril 2024, le phénomène atteint des proportions alarmantes avec 50 246 attentats, soit une moyenne de plus de 4 300 attaques par an. Cette explosion coïncide avec l’émergence de l’État islamique (Daech), les guerres civiles dans le monde arabe, et la radicalisation accrue à travers le globe.
La progression est frappante : alors qu’il a fallu deux décennies pour atteindre 1 500 attentats avant 2000, une période de seulement 11 ans (2001-2012) a multiplié ce chiffre par dix. Pire encore, les années suivantes (2013-2024) ont vu ce nombre quadrupler. On peut estimer qu’entre 2001 et avril 2024, environ 243 124 personnes ont été tuées dans des attentats islamistes. Cette estimation est obtenue en additionnant les 38 187 morts recensés entre 2001 et 2012 et les 204 937 morts entre 2013 et avril 2024.
Les régions les plus touchées
Le terrorisme islamiste frappe surtout les régions instables, mais il n’épargne pas les pays occidentaux. La répartition géographique des attaques montre une nette concentration dans certaines zones comme l’Asie du Sud : 31,2 % des attentats et 33,7 % des morts. L’Afghanistan est le pays le plus touché avec 17 075 attentats et des dizaines de milliers de morts. L’Afrique subsaharienne : 35,2 % des attentats et 30,1 % des morts. Le Nigeria, avec 3 950 attentats, est également l’un des épicentres de la violence jihadiste.
En fait, treize pays du Moyen-Orient et d’Afrique sub-saharienne (Afghanistan, Syrie, Irak, Israël,…) concentrent 87,5 % des décès liés aux attentats islamistes dans le monde, soit un total de 218 734 morts.
En Europe, la France est la plus touchée avec 85 attentats ayant causé 334 morts. La Belgique, bien qu’étant plus petite, a subi une vingtaine d’attentats, dont les attaques coordonnées de Bruxelles en 2016, qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés. Ces chiffres montrent que les pays européens restent vulnérables, malgré des dispositifs de sécurité renforcés.
Les groupes terroristes les plus actifs
Plusieurs organisations jihadistes dominent le paysage du terrorisme islamiste :
- Al-Qaïa : Fondée en 1988, ce réseau international a perpétré des attaques majeures, notamment le 11 septembre 2001.
- État islamique (Daech) : Proclamant un califat en 2014, Daech a attiré des milliers de combattants et inspiré des attaques mondiales. Bien que son territoire soit réduit, sa propagande en ligne continue de recruter.
- Boko Haram
Basé au Nigeria, Boko Haram a émergé en 2002 avec pour objectif d’imposer la charia dans le pays. Le groupe est responsable de milliers de morts et de l’enlèvement de nombreuses personnes, notamment les lycéennes de Chibok en 2014.
Des facteurs d’accélération
L’explosion du terrorisme islamiste résulte de plusieurs dynamiques : les interventions occidentales en Afghanistan et en Irak, ainsi que les printemps arabes, ont créé des vides de pouvoir exploités par les jihadistes. Internet a permis une diffusion massive de l’idéologie salafiste-jihadiste.
Les chiffres effarants du terrorisme islamiste soulignent l’urgence d’une réflexion mondiale. L’Europe – notamment la Belgique et la France –, bien que moins touchée que l’Asie ou l’Afrique, reste vulnérable et vit dans un climat de terreur. Face à une menace en constante mutation, la coordination internationale et une approche globale mêlant sécurité, éducation et diplomatie, sont essentielles pour endiguer cette violence.
A.G.
(Photo Belgaimage : photo postée par Daesh montrant quatre auteurs de l’attaque contre le Crocus Club de Krasnogorsk, 22 mars 2024)