Les grands médias traditionnels ont de plus en plus de mal à contrôler le récit autour des élections américaines. Ce phénomène s’explique par la montée des plateformes alternatives et des canaux d’information sur les réseaux sociaux. Des sondages récents, menés aux Etats-Unis par Morning Consult, Ipsos, et Gallup, confirment cette tendance : seulement 36 % des Américains font encore confiance aux médias établis, selon Gallup, tandis que 64 % se tournent vers des sources alternatives pour des perspectives plus diversifiées. Les Américains sont nombreux à penser que les médias ne sont pas objectifs et influencent le cours des élections.
Selon Gallup, en 2023, seulement 32 % des Américains expriment une « grande » ou « certaine » confiance envers les médias, un des niveaux les plus bas jamais enregistrés, tandis que 67 % déclarent avoir une confiance « faible » ou « très faible ». Ce déclin de confiance est plus marqué chez les Républicains, dont seulement 14 % disent encore faire confiance aux médias, tandis que la confiance reste relativement stable chez les Démocrates à 58 %.
Les résultats de Gallup montrent également que les générations plus jeunes se tournent largement vers les réseaux sociaux et les médias indépendants. Environ 60 % des jeunes adultes entre 18 et 34 ans privilégient des sources alternatives comme YouTube et des podcasts pour s’informer, et plus de 40 % d’entre eux estiment que les médias traditionnels ne rapportent pas les faits de manière impartiale.
Une influence sur le processus électoral
Le sondage de Gallup montre aussi que 45 % des Américains pensent que les médias ont une influence trop importante sur le processus électoral, alimentant ainsi une migration vers des plateformes perçues comme plus transparentes ou ouvertes au débat. Cette désaffection vis-à-vis des médias traditionnels marque un tournant significatif dans le paysage médiatique et met en évidence le défi pour ces derniers de reconquérir une audience de plus en plus sceptique et avide de perspectives alternatives. En vue des prochaines élections, l’autorité des grands médias risque ainsi de s’éroder davantage, alors que les plateformes numériques diversifient et fragmentent les canaux d’information.
Une préférence pour YouTube
Morning Consult, de son côté, indique que plus de 58 % des jeunes adultes (18-34 ans) préfèrent s’informer via des plateformes comme YouTube et les podcasts, et qu’environ 42 % des utilisateurs de réseaux sociaux se méfient des récits officiels relayés par les médias traditionnels. Ipsos souligne que 55 % des sondés estiment que les médias classiques cherchent à influencer l’opinion plus qu’à informer objectivement. Par ailleurs, la popularité croissante de médias indépendants a atteint un niveau record, avec 47 % des Américains préférant des sources d’information perçues comme plus transparentes ou ouvertes aux débats. D’autres données de Morning Consult confirment cette tendance, avec une part croissante des Américains, jusqu’à 55 %, qui perçoivent les médias établis comme biaisés ou promoteurs d’agendas politiques.
Cette évolution témoigne d’un véritable glissement dans les habitudes médiatiques des citoyens américains, qui favorisent désormais les perspectives alternatives. Le contrôle narratif des grands médias se retrouve ainsi dilué dans un environnement où chaque voix, y compris celles issues des nouvelles plateformes numériques, peut influencer les débats électoraux à une échelle autrefois impossible à envisager. Ces tendances mettent en évidence une profonde reconfiguration de l’espace médiatique américain en vue de l’élection présidentielle.
Ce qui permet à Axios, média généralement rangé du côté du récit médiatique dominant, de dire que « l’ère de domination des grands médias est terminée ». Ces tendances devraient profiter à Donald Trump, puisque les médias « Démocrates » ou centristes sont largement majoritaires dans le paysage médiatique américain.
Nicolas de Pape
(Photo sous licence CC BY-SA 2.0)