Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a récemment commandé une étude à Ipsos intitulée « Le regard des Français sur l’antisémitisme et la situation des Français juifs – en 2024 ». Cette enquête, réalisée un an après l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné une augmentation notable des actes antisémites en France, offre des perspectives significatives sur la perception de l’antisémitisme dans le pays.
L’étude révèle que 46 % des Français adhèrent à au moins six des seize préjugés antisémites testés. Cette proportion atteint 55 % parmi les sympathisants de La France insoumise (LFI) et 52 % chez ceux du Rassemblement National (RN). Les stéréotypes les plus répandus incluent la perception que les Juifs sont très soudés entre eux, qu’ils sont plus attachés à Israël qu’à la France, et qu’ils disposent de puissants lobbies influençant les plus hautes sphères du pouvoir.
Perception de l’augmentation de l’antisémitisme
Concernant la perception de l’évolution de l’antisémitisme, 70 % de la population générale estime que ce phénomène est en augmentation en France. Cependant, ce chiffre descend à 41 % parmi les sympathisants de LFI, suggérant une divergence notable dans la reconnaissance de la montée de l’antisémitisme selon les affiliations politiques.
Sympathie envers le Hamas
L’enquête indique également que 25 % des sympathisants de LFI éprouvent de la sympathie pour le Hamas, et 40 % d’entre eux refusent de qualifier cette organisation de terroriste. Le président du Crif, Yonathan Arfi, a déclaré que « LFI a redonné à l’antisémitisme une caution politique », ajoutant que « la cause palestinienne devient un permis de haïr ».
Départs des Juifs de France
Par ailleurs, 12 % de la population générale considèrent que le départ de certains Juifs de France pour vivre à l’étranger est une bonne chose pour le pays, un chiffre en hausse par rapport aux 6 % enregistrés en 2020. Cette opinion est particulièrement marquée chez les moins de 35 ans, avec 17 % partageant cet avis. L’étude souligne également que 53 % des 18-24 ans pensent que la majorité des Juifs est bien intégrée dans la population, contre 84 % des Français en général, suggérant une perception moins favorable de l’intégration des Juifs parmi les jeunes.
Ces résultats mettent en lumière une persistance préoccupante des préjugés antisémites en France, ainsi qu’une divergence d’opinions selon les affiliations politiques et les générations. Ils soulignent l’importance de poursuivre les efforts de sensibilisation et d’éducation pour lutter contre l’antisémitisme et favoriser une meilleure compréhension et intégration des communautés juives dans la société française.
A.G.
(Photo Belgaimage)