Ce dimanche 19 janvier 2025, après 471 jours de captivité, trois otages israéliennes — Romi Gonen, Emily Damari et Doron Steinbrecher — ont été libérées par le Hamas dans le cadre d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas. Elles sont arrivées chez elles en Israël après avoir été confiées à la Croix-Rouge, celle-ci estimant qu’elles sont « en bonne santé ». Elles font partie d’un accord plus large prévoyant la libération progressive de 33 otages israéliens en échange d’environ 1 900 prisonniers palestiniens dont certains sont qualifiés de terroristes par Israël.
Les trois femmes ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge par le Hamas à Gaza City, puis transférées aux forces de défense israéliennes (Tsahal) en territoire gazaoui. Elles ont ensuite rejoint le territoire israélien, où elles ont retrouvé leurs mères et ont subi des examens médicaux préliminaires. Les images de leur transfert montrent une foule palestinienne à la fois hostile et en liesse lors de leur remise à la Croix-Rouge. On pouvait entendre les habituels Alouha Ackbar mais aussi « Guerre! Guerre ! Oh Juifs. L’armée de Mohammed va revenir (pour vous tuer)! »
Un accord d’échange de prisonniers controversé
En contrepartie, Israël a accepté de libérer 90 prisonniers palestiniens ce même jour, dont 78 seront transférés en Judée-Samarie et 12 à Jérusalem-Est. Cet échange fait partie d’un accord plus large prévoyant la libération progressive de 33 otages israéliens en échange d’environ 1 900 prisonniers palestiniens.
Ce ratio otages/prisonniers palestiniens suscite de vives critiques en Israël. Parmi les prisonniers palestiniens concernés, plusieurs ont été condamnés pour des actes terroristes. Par exemple, Israa Jaabis, condamnée à 11 ans de prison pour avoir fait exploser une bonbonne de gaz en 2015, figure parmi les détenus libérés. Selon des sources proches des négociations, plusieurs centaines de ces détenus seraient impliqués dans des activités violentes, bien que des listes détaillées n’aient pas été rendues publiques.
Détails logistiques et étapes suivantes
Les prisonniers palestiniens libérés sont identifiés formellement à la prison d’Ofer par des représentants de la Croix-Rouge avant leur transport vers leurs lieux de libération respectifs en Judée-Samarie et à Jérusalem-Est. La libération de chaque groupe est conditionnée à la réussite des phases précédentes, selon un protocole strict.
Cet échange de prisonniers s’inscrit dans une trêve initiale de six semaines, conclue avec la médiation des États-Unis du Qatar et de l’Égypte. Celle-ci inclut une augmentation de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et prévoit des négociations ultérieures pour de nouvelles libérations.
Une crise politique en Israël
L’accord a provoqué une fracture au sein de la coalition gouvernementale. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a annoncé sa démission et celle des membres de son parti Otzma Yehudit (droite religieuse). Dans leur lettre, les ministres démissionnaires ont dénoncé « un accord irresponsable avec l’organisation terroriste Hamas » et « la libération de centaines de meurtriers dont les mains sont couvertes du sang d’hommes, femmes et enfants ». Ils critiquent également l’arrêt des combats dans la bande de Gaza et « l’abandon des acquis militaires de Tsahal ».
En revanche, le ministre des Finances israélien, Betsalel Smotrich, a défendu sa décision de rester au sein du gouvernement malgré les critiques. Selon lui, « l’enlèvement d’Israéliens ne doit pas donner l’impression que l’État d’Israël cède sous la pression ».
Malgré ces divisions, la libération des trois otages israéliennes marque une étape significative dans les efforts visant à mettre fin à quinze mois de conflit entre Israël et le Hamas. Cependant, les implications sécuritaires et politiques de cet accord continueront de nourrir les débats en Israël.
Tout le monde s’accorde à dire que l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche ce lundi a accéléré les négociations.
A.G.
(Photo : les hommes armés du Hamas remettent les trois otages israéliens à la Croix-Rouge / Hadi Daoud/APA Images via ZUMA Press Wire)