Fevia, la fédération des entreprises alimentaires belges, tire la sonnette d’alarme : la production chute de manière dramatique, dépassant les baisses observées pendant la crise du Covid, et la rentabilité du secteur atteint un niveau historiquement bas. En 2023, la marge opérationnelle moyenne est tombée à 2,32 %, soit une baisse d’un tiers par rapport à 2019.
Selon Nathalie Guillaume, nouvelle présidente de Fevia, cette situation met en péril l’ensemble de la chaîne alimentaire, qui emploie plus de 100.000 personnes et constitue un pilier central de l’économie belge. Les entreprises doivent impérativement regagner en compétitivité pour assurer leur survie et poursuivre leur transition vers des pratiques durables.
Un triple handicap économique
Les entreprises alimentaires belges affrontent des obstacles majeurs, regroupés en un triple handicap : des coûts salariaux 25 % plus élevés que dans les pays voisins. Des factures énergétiques en augmentation continue, avec des tarifs de distribution d’énergie prévus en hausse de 77 %. Une pression fiscale constituant un handicap de 126 % sur les boissons non alcoolisées, parmi d’autres prélèvements.
Ces désavantages structurels compromettent la compétitivité des entreprises sur le marché national et international. Avec une indexation salariale de 3,57 % prévue en janvier 2025 et une volatilité accrue des prix des matières premières (cacao, sucre, etc.), la situation économique devient critique. Une enquête menée auprès de plus de 20 sous-fédérations révèle que 40 % anticipent une nouvelle baisse de leur rentabilité.
Des défis systémiques pour toute la chaîne alimentaire
Le secteur ne souffre pas seulement de problèmes internes : les relations commerciales déséquilibrées, notamment avec la grande distribution, et la diminution des volumes de vente aggravent la situation. La pression exercée sur les prix par les grandes enseignes réduit les marges des producteurs, tandis que les consommateurs privilégient de plus en plus des produits moins coûteux.
De plus, les réglementations complexes et chronophages alourdissent la charge administrative, notamment dans des domaines comme les contributions pour les emballages ou les obligations liées à la durabilité. Cette avalanche législative freine les investissements, particulièrement pour les PME, qui peinent à dégager les ressources nécessaires.
Innovation et durabilité au cœur des priorités
Malgré ces difficultés, les entreprises alimentaires belges poursuivent leurs efforts pour concilier production, innovation et durabilité. La « Roadmap de Développement Durable » du secteur propose des initiatives concrètes pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. Cependant, un cadre réglementaire flou et instable met en danger ces efforts : certains acteurs ont été contraints de suspendre temporairement leurs projets d’investissement, retardant des avancées stratégiques cruciales.
Recrutement et compétitivité
Le secteur est également confronté à une pénurie de talents, limitant sa capacité à se moderniser et à maintenir une productivité élevée. Les profils techniques nécessaires à l’innovation et à l’automatisation manquent cruellement, aggravant la pression sur les entreprises.
Pour surmonter ces obstacles, Fevia plaide pour :
- Un cadre réglementaire stable : afin d’encourager les investissements.
- Des mesures de soutien à la compétitivité : notamment une réduction des charges fiscales et une modération des coûts énergétiques.
- Une collaboration accrue entre entreprises, partenaires commerciaux et décideurs politiques : cela permettrait de renforcer la chaîne alimentaire belge, tout en créant une dynamique positive pour les produits belges sur les marchés locaux et internationaux.
Malgré un contexte difficile, Fevia reste optimiste quant à la capacité de l’industrie alimentaire belge à rebondir. L’objectif est clair : transformer la crise en une opportunité de renforcer et de faire briller l’alimentation belge sur la scène mondiale.
La rédaction
(Photo : Belgaimage)