L’Union européenne, avec son « AI Act », entend réguler fermement les systèmes d’intelligence artificielle pour garantir sécurité, transparence et protection des droits fondamentaux. Si cette ambition vise à protéger les citoyens, elle pose de sérieux obstacles pour des technologies innovantes comme SORA, la nouvelle IA vidéo d’OpenAI capable de générer des séquences réalistes à partir de descriptions textuelles.
L’AI Act classe SORA dans les systèmes à « haut risque » en raison des menaces potentielles liées à la désinformation, aux violations des droits d’auteur et à la manipulation visuelle. OpenAI se trouve donc contrainte de garantir une transparence totale et une traçabilité irréprochable : il faut que les utilisateurs sachent qu’ils interagissent avec une IA et comprennent son fonctionnement. En outre, les contenus utilisés pour entraîner SORA doivent respecter scrupuleusement les règles européennes en matière de propriété intellectuelle, une exigence de taille. Enfin, face aux risques d’usages malveillants comme les deepfakes, OpenAI doit prouver que SORA est équipée de garde-fous efficaces.
Retards considérables
Ces conditions ne sont pas simples à remplir. OpenAI risque de devoir réaliser des ajustements techniques et juridiques majeurs avant que SORA puisse se conformer au cadre réglementaire européen. Cela pourrait entraîner des délais considérables ou une absence pure et simple du produit sur le marché européen.
Le Dr Laurent Alexandre, essayiste spécialisé en IA, s’insurge contre cette régulation jugée excessive. Dans un tweet cinglant, il dénonce le « suicide technologique de l’Europe » et accuse l’AI Act de « tirer une balle dans le pied » de l’innovation européenne. Pour lui, ces entraves réglementaires risquent de brider la compétitivité de l’Europe face à des régions du monde moins soucieuses de régulation.
Cette critique est partagée par de nombreux experts qui craignent que l’Europe ne se retrouve à la traîne en matière d’IA. À force de vouloir trop protéger, le Vieux Continent risque de se priver d’avancées technologiques majeures, laissant aux États-Unis et à la Chine le monopole de l’innovation. Une fois de plus, l’équilibre entre protection et progrès semble fragile et l’Europe, en voulant éviter les risques, pourrait surtout manquer les opportunités.
A.G.
(Photo Belgaimage)