Plusieurs géants américains, dont Meta, McDonald’s et Walmart, ont décidé récemment de mettre fin ou de réduire leurs politiques axées sur la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI). Cette tendance ne se limite pas à ces deux poids lourds de l’économie. Des entreprises comme Ford, John Deere, Harley-Davidson et Lowe’s suivent une voie similaire. Cette vague marque un tournant dans la réflexion des entreprises face aux pressions politiques et économiques croissantes mais aussi face au pragmatisme.
Les politiques DEI, bien qu’introduites avec des intentions louables, ont souvent été critiquées pour privilégier des critères non liés au mérite, ce qui pouvait mener à des recrutements ou promotions perçus comme biaisés. En s’éloignant de ces politiques, ces entreprises choisissent de remettre le mérite et les compétences au centre de leurs processus de recrutement. Cette approche vise à garantir que les meilleurs talents soient sélectionnés, indépendamment des quotas ou des initiatives spécifiques favorisant des groupes particuliers.
Une volte-face qui s’explique
Des raisons multiples derrière cette réévaluation. Outre la recherche d’efficacité et de méritocratie, plusieurs facteurs expliquent cette tendance :
Pressions externes : Les militants conservateurs dénoncent les politiques DEI comme des dérives « wokistes » coûteuses et inutiles. Les boycotts de consommateurs mécontents ont également joué un rôle.
Enjeux juridiques : La décision de la Cour suprême des États-Unis en 2023, interdisant la discrimination positive dans les admissions universitaires, a accentué le risque de litiges similaires dans les entreprises.
Réalités économiques : Dans un contexte de ralentissement économique, les entreprises cherchent à réduire les dépenses non essentielles, et les programmes DEI figurent souvent parmi les premières coupes budgétaires.
Fatigue des employés : Des études montrent que certaines initiatives DEI, perçues comme forcées, provoquent un mécontentement croissant chez des employés qui s’estiment négligés au profit de quotas artificiels.
Des politiques DEI devenues un poids ?
Les initiatives DEI étaient censées renforcer l’équité et l’inclusion en entreprise, mais elles ont souvent pris la forme de programmes imposés qui dévalorisaient les notions de mérite et d’excellence. Certaines entreprises, en quête de rentabilité et d’efficacité, estiment désormais que ces programmes, au lieu de promouvoir l’unité, ont exacerbé les divisions internes.
La diversité en entreprise reste un objectif légitime, mais elle ne devrait pas se faire au détriment des principes fondamentaux comme la compétence, le mérite et la performance. En abandonnant ces programmes, McDonald’s, Walmart et les autres misent sur une approche plus pragmatique et économiquement viable. Cela soulève une question cruciale : comment concilier l’inclusivité sans compromettre l’efficacité ?
Nicolas de Pape
(Photo : un magasin Walmart de Boston / @IMAGO)