Nos démocraties sont menacées par l’augmentation exponentielle de la criminalité dans le monde. Non seulement elles ne sont pas armées pour lutter contre les phénomènes criminels, mais elles se voilent souvent la face quant à leur ampleur. Et la Belgique ne donne pas le bon exemple. C’est le constat de Michel Claise, ancien juge d’instruction financier, dans son dernier essai « Combattre la criminalité : une urgence démocratique » (Éd. Racine).
21 News : Michel Claise, vous avez pris l’habitude de vous exprimer par l’écriture. On vous connaît romancier et essayiste. Pourquoi ce livre aujourd’hui ?
Michel Claise : La transmission fait partie des valeurs que je défends. De temps en temps j’écris un roman qui touche à ma profession. Mafia albanaise, triades chinoises… Le polar, c’est la forme que j’ai choisie pour illustrer de manière ludique cette terrible réalité qui dépasse toutes les fictions. En terminant l’exercice de mon mandat de juge d’instruction financier, j’ai eu le sentiment qu’il fallait aller plus loin. Et développer dans un essai, que j’espère le plus percutant possible, les impacts que subit la démocratie actuelle. Tout le monde pense savoir ce qu’est la démocratie, mais il faut parfois revenir sur l’essentiel. J’ai voulu développer pourquoi, personnellement, je pense que nous sommes actuellement dans une situation sans précédent qui va en s’aggravant face à l’impéritie des gouvernants.
21 News : À la fin de votre livre, vous citez l’ouvrage d’Alain Denault, « Les médiocres ont pris le pouvoir ». C’est votre constat ?
M.C. : Les professionnels sont abasourdis de voir que les politiques n’ont jamais suivi ce que nous avons prédit. Il y a 5 ou 6 ans, nous avions annoncé que les narcotrafiquants allaient prendre une forme de pouvoir en constatant la montée du trafic et du blanchiment d’argent qui est la conséquence de ce trafic. Nous nous sommes fait railler par le monde politique. Au point que quand j’ai dit que la Belgique était un pays dont toutes les strates sont touchées par la corruption, le Premier ministre m’a demandé de le prouver. Des années plus tard, au vu des affaires, Sky ECC (qui a permis de démanteler un gros trafic de stupéfiants, NDLR) ou le Qatargate, il a admis qu’« il faudra faire quelque chose » Il faudra… À l’exception des gars qui se tirent dessus dans les rues, les effets immédiats ne sont pas encore visibles, mais ils vont l’être un jour et ce sera trop tard.
Soigner une rage de dents avec un Dafalgan
21 News : L’explosion du nombre de fusillades a pourtant révélé le phénomène au grand public.
M.C. : C’est la partie émergée de l’iceberg. Le ministre de la Justice a dit que les délinquants étaient en panique. Mais ils ne sont pas du tout en panique, ils ont un profond sentiment d’impunité ! Raconter n’importe quoi par rapport à des faits aussi graves, c’est un parfait exemple du manque de considération du politique vis-à-vis du citoyen.
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