L’ancien rédacteur en chef (DH, Sud Presse) dresse un portrait sans concessions du paysage médiatique francophone, estimant que les titres qui « survivent » devraient s’inspirer d’un certain pragmatisme de la presse néerlandophone.
21News : Comment analysez-vous l’évolution du paysage médiatique francophone ces dix, quinze dernières années ? L’esprit « libéral » est-il encore représenté ?
Michel Marteau : Je ne parlerais pas de « gauchisation » de la presse francophone, même si pour certains titres elle est réelle. Mais je pense que, dans l’ensemble, la presse francophone a manqué terriblement d’audace et de « punch ». Il n’y a pas beaucoup de remise en question ; on a l’impression que tout le monde a peur d’être mal vu, critiqué sur les réseaux sociaux ou d’avoir une plainte au CDJ (Conseil de déontologie journalistique, ndlr). Du coup, on a l’impression – sauf Sudinfo qui je pense échappe partiellement à cette critique –, mais je trouve que les journaux francophones dans leur ensemble sont très mièvres.
La presse flamande, Het Laatste Nieuws en tête, a elle, au contraire, du « punch », comme je le disais. Ils mettent en cause des gens, ils y vont, ils donnent des noms ; ils mettent les pieds dans le plat. Peu importe la tendance ou l’idéologie. Du côté de la presse francophone, on excelle à « gaver » le lecteur de choses dont les gens se foutent quand même un peu ; des interviews fleuves de politiciens et j’en passe. Cela n’intéresse pas. On dit donc toujours que la presse francophone va mal mais la presse flamande, elle, se porte bien et sur un marché qui est tout même assez voisin, c’est le cas de le dire. Il me semble qu’il suffit de comparer les produits.
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21News : Peut-on tirer le même constat de la comparaison de l’offre qui est proposée par la VRT et la RTBF ?
M. M. : La VRT est sans doute beaucoup plus dynamique et créative, même si elle a ses problèmes internes de gestion. Ceci dit, on voit que ces dernières années, la RTBF fait des efforts conséquents et cela se voit dans les rankings d’audience. La RTBF marque des points et grignote son retard sur RTL. Depuis quelques mois, le journal de la chaîne publique est passé devant celui de RTL, le midi et le soir. C’est peut-être dû à du changement interne mais on peut dire que la « RTB » crée des évènements, tandis que RTL, de son côté, devient légèrement « has been ». Ils n’ont pas encore trouvé leur second souffle.
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