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Molenbeek confirme sa réputation de « hellhole » (Chronique)

par Contribution Externe
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La mise en place de la nouvelle majorité ne se passe pas sans mal, à Molenbeek. D’ailleurs, quelle majorité ? Entre désistements plus ou moins forcés et partenaires peu fiables, la bourgmestre Catherine Moureaux (PS) fait tout pour confirmer la mauvaise réputation que traîne sa commune. Une chronique de Luckas Vander Taelen.

L’éthique ne joue pas un grand rôle au sein du PS bruxellois.

C’est ce qui est apparu clairement la semaine dernière lorsque un reportage de la VRT a exposé la mal-gouvernance du CPAS d’Anderlecht. On y voyait comment les présidents socialistes actuels et précédents du CPAS considèrent que la politisation est une évidence. Le sommet bruxellois du PS, incarné par le président Ahmed Laaouej, n’a jamais eu de problème avec cela. Au contraire, l’acquisition générale du pouvoir à tous les niveaux est le modèle de gouvernance souhaité pour les communes bruxelloises. Les présidents des CPAS Akouz et Mostafa ont poussé le cynisme à son comble, la semaine dernière, en ne se présentant pas à une réunion de commission sur le sujet au Parlement fédéral.

Il y a quelques semaines, le PS ne savait que faire de son indignation lorsque la direction d’Audi Forest ne s’est pas présentée à une audition parlementaire. Aujourd’hui, alors que deux membres éminents du PS affichent le même mépris, le parti reste muet. Une indignation bien sélective….

Navires avec casier judiciaire

La faiblesse du sens moral du PS est également évidente à Molenbeek, où le socialiste Yassine Akki était sur le point de devenir échevin au sein d’une coalition PS-PTB. Jusqu’à mercredi, quand La Dernière Heure et Bruzz ont révélé que le candidat du PS avait un lourd passé judiciaire – viol sur mineur, cambriolages et peines de prison. Akki a renoncé à son ambition de devenir échevin. Les faits se sont déroulés il y a longtemps et, bien sûr, la direction du PS était au courant. Mais Akki a obtenu beaucoup de voix et, pour le PS, c’était plus important que son passé peu recommandable.

S’adressant à Bruzz, la bourgmestre Catherine Moureaux affirme aujourd’hui qu’elle n’était pas au courant du casier judiciaire d’Akki. Mais Bruzz assure qu’elle aussi a reçu un courriel contenant cette information le 11 octobre. Si cette affirmation est vraie, Mme Moureaux ne dit pas la vérité. C’est tout de même un peu gênant pour une femme politique à la tête d’une commune. Mais au sein du PS, d’autres normes d’éthique s’appliquent apparemment.

Une bourgmestre sans collège

Moureaux a connu un mandat de mayeur mouvementé, avec des protestations venant de sa propre administration, et même un conflit physique avec un conseiller communal. Elle a maintenant beaucoup de mal à trouver une majorité. Le PS a perdu des sièges et le PTB en a gagné. Il y a quelques jours, Moureaux proclamait avec assurance qu’elle disposait, avec les communistes, d’une majorité « progressiste » de 23 sièges sur 45.

Vendredi matin, elle a prêté serment en tant que bourgmestre. Mais plus tard dans la journée, elle a avoué à Bruzz, sans autre commentaire, qu’elle n’était « pas en mesure de trouver un nouveau collège». Un membre du PS, Jamel Azaoum, aurait refusé de signer les actes des échevins. Il s’agit probablement d’une vengeance silencieuse d’Azaoum qui, en tant qu’échevin du sport, était régulièrement critiqué par le chef du PTB-PVDA, Dirk De Block, pour le manque de transparence de sa politique.

Il apparaît également que peu après les élections, le libéral Mohamed Chehad s’était engagé à soutenir la nouvelle coalition de Moureaux contre son parti. Ce dernier affirme aujourd’hui qu’il l’a fait « sous la contrainte et la pression ». Il a retiré sa signature.

Molenbeek différent

Cette situation place Madame Moureaux dans une situation particulièrement délicate. Elle doit maintenant chercher des partenaires pour trouver une majorité. Ecolo et le MR ne veulent pas. Restent la Team Fouad Ahidar et Molenbeek Autrement. Les doutes sur Ahidar sont assez connus : son parti n’est pas un gage de stabilité. À Bruxelles-Ville, trois conseillers ont démissionné immédiatement après les élections.

Ahmed El Khannouss, le leader de Molenbeek Autrement-Anders, traîne une réputation douteuse : il s’est indigné du retrait du permis de séjour d’un imam radical. Ce dernier avait tenu des propos particulièrement misogynes et appelé à « brûler » les sionistes. Quelques années plus tôt, El Khannouss, avec Zoé Genot, alors figure de proue d’Ecolo, avait plaidé pour la libération d’Oussama Atar d’une prison irakienne. Après sa libération, Atar est devenu l’un des cerveaux des attentats islamistes. La fille d’El Khannouss a également dû comparaître devant un tribunal, soupçonnée de sympathies terroristes, mais elle a été acquittée. El Khannouss était auparavant membre des Engagés, mais il a quitté le parti parce qu’il le trouvait « trop populiste ». La véritable cause est sa radicalisation croissante, notamment dans son opposition à l’interdiction de l’abattage sans étourdissement.

À Molenbeek, la peste ou le choléra

Molenbeek a tenté de se débarrasser de sa réputation d’enfer maléfique en menant une campagne réussie pour devenir la capitale européenne de la culture en 2030. Mais une fois de plus, il apparaît que les citoyens bruxellois sont plus créatifs que leurs administrateurs. En effet, il semble que Catherine Moureaux fasse tout ce qui est en son pouvoir pour confirmer toutes les idées reçues sur sa commune.

La fragmentation et la confusion politiques n’ont jamais été aussi grandes. Moureaux devra choisir entre la peste et le choléra pour obtenir une majorité. Qu’il s’agisse d’Ahidar ou de Khannouss : tous deux exigeront une plus grande tolérance à l’égard des préceptes religieux. Il y avait déjà une échevine portant le foulard durant la législature précédente ; le port de signes religieux au guichet sera probablement une des revendications.

À l’heure où vous lisez ces lignes, le conseil communal de Molenbeek devrait être installé. Mais ce à quoi ressemblera finalement le collège n’est clair pour personne, à moins que la bourgmestre Catherine Moureaux ne surprenne tout le monde à la dernière minute.

Luckas Vander Taelen, chroniqueur

(Photo Belgaimage : Catherine Moureaux lors de la prestation de serment des nouveaux bourgmestres bruxellois, 29 novembre 2024)

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