Stratégie de conquête ou coup de bluff politique ? Le président du Mouvement Réformateur (MR), Georges-Louis Bouchez, ne cesse d’évoquer son dernier projet : implanter officiellement sa formation libérale francophone en Flandre. Un projet aussi audacieux que controversé, aux répercussions potentiellement explosives pour l’Open Vld, et plus largement pour l’équilibre politique nord-sud du pays. Enquête exclusive.
Une machine déjà en marche
Officiellement, le MR ne fait que « se préparer ». Mais les faits parlent d’eux-mêmes : une cellule d’étude bilingue, un chef de cabinet néerlandophone en la personne de Rudy Aernoudt, et près de 2.000 membres flamands sans même avoir lancé une campagne de recrutement. Des scénarios concrets sont déjà sur la table pour lancer des listes MR en Flandre lors des prochaines élections — une décision qui dépendra du succès de la future coalition fédérale emmenée par Bart De Wever (N-VA).
Georges-Louis Bouchez nous l’a confirmé dans toutes ses interviews. « C’est une piste sur laquelle on travaille sérieusement et si on doit y aller, on sera prêt ». Au siège du parti, on reste volontairement plus flou sur le sujet, mais dans les faits la machine est déjà lancée. « Il est évident que l’arrivée de Rudy Aernoudt comme chef de cabinet du président s’inscrit également dans la double stratégie d’expansion du Mouvement Réformateur », nous dit une source libérale de premier plan. Tout d’abord, il s’agit de renforcer l’ancrage du parti sur une ligne idéologique de droite décomplexée, libérale, en rupture par rapport à la ligne plus sociale et centriste du « vieux » MR. Mais Rudy Aernoudt est aussi un Flamand, très connu dans les milieux économiques, financiers et dans les lobbys du pouvoir en Flandre », poursuit notre source.
Rudy Aernoudt, cheval de Troie du MR en Flandre ?
D’ailleurs, au siège du parti, l’utilisation du nouveau chef de cabinet comme Cheval de Troie du MR Vlaanderen n’est même plus considéré comme « secret défense ». « Pas du tout, tout le monde sait ici que Rudy, parmi ses nombreuses missions, doit organiser une série de visites de Georges-Louis Bouchez en Flandre, pour rencontrer des acteurs de terrains, des militants déçus de l’Open Vld et tous ceux qui sont séduits par la figure et le discours de GLB. »
Ce projet pourrait bouleverser le paysage libéral flamand. Plusieurs bourgmestres Open Vld, lassés de la tournure « trop à gauche » de leur parti, se disent prêts à franchir le pas. Parmi eux, Tim Vandenput, bourgmestre de Hoeilaart, qui ne cache plus sa sympathie pour la vision du MR. « On doit juste passer le programme MR dans Google Translate », plaisante-t-il.
Les premiers transfuges de l’Open Vld
En réalité, le processus de recrutement de cadres et élus locaux de l’Open Vld n’en est qu’à ses débuts. « Aujourd’hui, on est soutenus par une dizaine d’élus locaux de l’Open Vld, c’est déjà très bien mais les profils sont plutôt ceux de personnages un peu originaux, pas les locomotives des libéraux flamands. Le vrai Game change, ce serait de voir un ténor ou un élu extrêmement populaire et influent de l’Open Vld rejoindre le MR. À partir de là, les choses sérieuses peuvent vraiment commencer . »
Abonnez-vous pour lire l'article en entier.
Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.
