Dans Les Nouveaux Inquisiteurs (Éditions Albin Michel), Nora Bussigny raconte son immersion dans les cercles « wokes ». Une enquête sans concession sur un militantisme progressiste radicalisé, marqué par des contradictions internes, des dérives inquiétantes et des attaques contre les principes universels. Entretien.
21News : Comment définiriez-vous le wokisme ? Est-ce une idéologie homogène ou un ensemble disparate de revendications ?
Nora Bussigny : À titre personnel, je présente le « wokisme » comme une forme de militantisme progressiste extrémiste, et je tiens parfaitement à faire la différence entre des militants LGBT, féministes ou antiracistes avec le « wokisme », qui est un véritable excès. En France, on retrouve ce militantisme extrémiste à l’ultra-gauche de l’échiquier politique par exemple.
21News : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous immerger dans les milieux “wokes” sous une fausse identité ? Était-ce une démarche personnelle, journalistique ou les deux ?
N. B. : Tout a commencé après avoir travaillé pour le journal Marianne sur une manifestation féministe du 8 mars 2022 où l’un des mots d’ordre de cette manifestation était la lutte contre les violences faites aux femmes. Lors de ce rassemblement, des militantes féministes ont été rouées de coups et exfiltrées par d’autres participants car elles étaient accusées de « transphobie ». J’y ai vu une véritable dissonance cognitive qui ne semblait pas choquer les collectifs féministes présents. À la suite de quoi, pour d’autres articles pour Le Point ou encore Marianne, j’ai tenté d’offrir un discours contradictoire à ces collectifs féministes, qui refusaient à l’époque de s’entretenir avec ce qu’elles estimaient être « la presse d’extrême-droite fasciste ». Dès lors je me suis dit qu’il faudrait que j’aille moi-même chercher les réponses, sur le terrain et sous couverture, puisqu’on m’empêchait cet accès à une forme de vérité pour des motifs fallacieux.
21News : Avez-vous rencontré des réticences ou des risques personnels lors de votre immersion dans ces cercles militants ?
N. B. : Lors de mon immersion, j’ai failli être reconnue, mais je suis parvenue à échapper de peu à ces risques. C’est plutôt à la sortie que les risques sont devenus concrets : à cause du cyberharcèlement massif, des menaces et insultes, nous avons été contraints de suspendre les rencontres publiques. J’ai eu la chance que les rédactions avec lesquelles je collabore me soutiennent publiquement, mais le déferlement de haine a été significatif et n’est allé qu’en empirant depuis le 7 octobre 2023.
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