Début 2025, cinq des sept réacteurs nucléaires en Belgique produiront encore de l’électricité. Le gouvernement fédéral doit donc garantir que l’approvisionnement en électricité sera suffisant. Pour ce faire, il accorde 180 millions d’euros de subventions à ceux qui s’engagent à fournir de l’électricité entre le 1er janvier 2025 et le 1er janvier 2026.
Ce 31 octobre, Elia et le département de l’Énergie du SPF Économie ont publié les résultats de l’enchère CRM (mécanisme de rémunération de capacité). Ce mécanisme vise à garantir qu’en 2025, il y aura suffisamment d’électricité pour éviter une Dunkelflaute – une période pendant laquelle les panneaux solaires et les éoliennes produisent trop peu d’énergie pour répondre à la demande des foyers et des entreprises. Elia verse des subventions pour maintenir diverses solutions prêtes à être activées, car fin 2025, cinq des sept réacteurs nucléaires belges seront fermés.
Gaspillage
Les solutions subventionnées incluent des moteurs d’avion anciens, des centrales au gaz (qui restent à construire), des parcs de batteries, etc. Pour la première fois, des fournisseurs étrangers en Allemagne, en France et aux Pays-Bas ont également reçu des subventions pour leurs capacités promises. Parmi les centrales au gaz ayant reçu des subventions via le CRM au cours des dernières années, seule celle de Tessenderlo Chemie reste en projet, les autres n’ayant pas obtenu de permis.
Ces dernières années, les enchères CRM ont souvent échoué, mais la ministre responsable, Tinne Van der Straeten (Groen), n’a bien sûr pas souhaité le communiquer. Le département de l’Énergie du SPF Économie cherche en effet à convaincre la population que la fermeture du parc nucléaire en Belgique se déroulera sans problème.
La ministre écologiste a confié ces enchères CRM au gestionnaire de réseau Elia, chargé de la transmission de l’électricité (haute tension) des centrales ou éoliennes vers le réseau de distribution. L’enchère se divise en deux éléments : la capacité promise et un prix futur pour l’électricité fournie si cela devenait nécessaire. Ce prix, qui sera payé indépendamment du prix du marché, est évidemment plus élevé que les prix actuels.
Une enchère en deux phases
Pour la première fois, l’enchère comprenait deux phases : une pour 2025-2026 (donc l’année prochaine) et une pour 2028-2029. Cette fois, l’offre de capacité était suffisante. Les producteurs d’énergie savent désormais comment et avec quoi obtenir des subventions pour leurs promesses.
Mais à combien s’élèvent exactement ces subventions ? Cela dépend du mode de calcul. Doit-on compter uniquement les subventions ou inclure également les prix garantis de l’électricité ? En se basant sur l’enchère, on parle de 180 millions d’euros. Elia n’a jamais communiqué sur le coût total. Les auditeurs de PwC estiment la facture finale à 340 millions d’euros, tandis que le régulateur fédéral de l’énergie, la CREG, évoque un montant supérieur à 600 millions d’euros, sans tenir compte de la prolongation nucléaire. Selon Elia, la « courbe de demande » serait réduite d’environ 1,6 GW grâce à la prolongation des réacteurs Doel 4 et Tihange 3 (1,6 GW étant une mesure de capacité, et non de fourniture d’énergie exprimée en GWh).
La question que personne ne pose est : qui paie ces subventions ? Elia a répondu sur demande : ces subventions sont financées par les accises fédérales sur les factures d’électricité des ménages et des entreprises. En fin de compte, vous payez donc via votre facture d’électricité pour les conséquences de la fermeture des centrales nucléaires, avec des accises fixées par la ministre de l’Énergie dans le gouvernement fédéral.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage : la centrale nucléaire de Doel)