Alors que l’Iran accélère son programme nucléaire, Donald Trump souffle le chaud et le froid. Entre la promesse d’un « accord de paix nucléaire vérifié » et le maintien d’une politique de pression maximale, Washington oscille entre diplomatie et sanctions. De son côté, Téhéran laisse entendre qu’une issue négociée reste envisageable, malgré la menace d’éventuelles frappes israéliennes et américaines.
Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a affirmé vouloir parvenir à un « accord de paix nucléaire vérifié » avec l’Iran, tout en démentant toute intention de « réduire le pays en miettes », qualifiant ces allégations de « très exagérées ». Au contraire, le président américain a déclaré souhaiter voir l’Iran « prospérer », tout en réaffirmant que cet État ne pourrait en aucun cas posséder l’arme nucléaire.
Pourtant, dans le même temps, il a signé un mémorandum instaurant une politique de « pression maximale » sur Téhéran. Ce document vise à affaiblir son économie, notamment en entravant ses exportations pétrolières. Une main tendue avec la promesse d’un accord, l’autre serrée sur le levier économique. Une opportunité d’accord à laquelle le régime iranien semble ouvert. Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, a répondu au président américain affirmant que les préoccupations de Washington concernant un éventuel armement nucléaire iranien ne sont « pas compliquées à résoudre ». L’ouverture d’une possible voie diplomatique entre les États-Unis et l’Iran sur la question du nucléaire iranien intervient alors que de nombreux médias annoncent la préparation de frappes israéliennes et américaines contre les installations nucléaires iraniennes. Donald Trump a nié la préparation d’une telle opération.
Téhéran franchit un cap dans son programme nucléaire
Au cours des derniers mois, l’Iran a mis l’accélérateur sur son programme d’armement nucléaire. Dans des propos relevés par Reuters en décembre, le directeur général de l’AIEA, l’organe de surveillance nucléaire des Nations Unies, a déclaré que l’Iran accélère “considérablement” l’enrichissement de l’uranium pour atteindre une pureté de 60 %, proche du niveau d’environ 90 % nécessaire à la fabrication d’armes. De plus, l’AIEA notait aussi la mise en service de 6 000 nouvelles centrifugeuses, multipliant ainsi par sept sa production d’uranium enrichi à plus de 34 kg par mois. De son côté, le New York Times révèle que les services de renseignement américains estiment que Téhéran cherche un raccourci pour obtenir la bombe atomique. Ce procédé technique leur permettrait de convertir leurs stocks d’uranium en une arme en quelques mois plutôt qu’en quelques années, si nécessaire, bien que la décision de lancer la fabrication d’une bombe n’ait pas été prise. Le Telegraph, quant à lui, citait cette semaine un groupe d’opposition iranien qui affirme que l’Iran a mis au point des missiles capables de porter des ogives nucléaires d’une portée de 3 000 kilomètres, ainsi capables d’atteindre Israël et l’Europe.
Israël, Iran et la nouvelle donne régionale
La récente augmentation iranienne de la production d’uranium enrichi est le résultat des changements régionaux qui redessinent le Moyen-Orient depuis plusieurs mois. La guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, l’affaiblissement du Hezbollah au Liban et l’effondrement du régime de Bachar al-Assad en Syrie ont largement affaibli le réseau d’alliances iranien à travers la région. La droite israélienne perçoit la situation géopolitique iranienne comme un moment de faiblesse et donc, un moment opportun pour envisager une attaque. Une vision qui n’est pas partagée par le président américain qui a affirmé que l’Iran reste forte, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre israélien.
Jérémie Renous
(Photo : Iranian Army Office via ZUMA Press Wire)