Au sein même de La France insoumise (LFI), des voix s’élèvent pour remettre en question la stratégie de communication numérique du mouvement.
La coïncidence est frappante : alors que la visite en Israël de Jordan Bardella et Marion Maréchal était annoncée, LFI se retrouvait à nouveau sous le feu des critiques pour une accusation d’antisémitisme. Cette fois, c’est une affiche diffusée sur les réseaux sociaux qui a déclenché la polémique. L’objectif était d’appeler à une manifestation contre « le racisme et le fascisme » prévue le 22 mars. Or, pour illustrer cet appel, le parti a choisi de mettre en avant plusieurs figures médiatiques du groupe Bolloré, dont Cyril Hanouna, accusé d’être un relais des idées d’extrême droite.
L’animateur, d’origine juive tunisienne, apparaît sur l’affiche en noir et blanc, les traits accentués, dans une expression jugée agressive. Rapidement, l’image a été assimilée aux caricatures antisémites des années 1930, provoquant un tollé. Face aux critiques, LFI a retiré le visuel, mais la controverse était déjà lancée. Cyril Hanouna, par la voix de son avocat, a annoncé des poursuites judiciaires pour « atteinte à l’image », dénonçant un « photomontage » qui aurait volontairement modifié ses traits.
Une ligne politique contestée, même à gauche
Si LFI a tenté de minimiser l’affaire en accusant « les réseaux d’extrême droite » de manipulation, des critiques sont venues de toutes parts, y compris de la gauche. Laurence Rossignol, sénatrice socialiste, a dénoncé « une saloperie antisémite », estimant qu’elle relevait d’une véritable stratégie politique. Jean-Luc Mélenchon, lui, a rejeté toute accusation d’antisémitisme, comparant l’affiche à des caricatures publiées dans Charlie Hebdo, parfois bien plus virulentes selon lui.
Mais en interne, le malaise grandit. Manon Aubry, députée européenne LFI, a reconnu une « maladresse » et plusieurs députés ont exprimé leurs inquiétudes dans une boucle interne du mouvement. Loïc Prud’homme, par exemple, a questionné la nécessité de susciter une controverse à chaque nouvelle publication. D’après les informations de L’Opinion, plusieurs députés Insoumis se sont émus, dans une boucle interne, de cette nouvelle polémique, allant jusqu’à mettre en cause la stratégie de communication numérique du parti. « Y aurait-il moyen de s’éviter des “shitstorms” (polémiques, NDLR) à chaque visuel ? »
L’intervention la plus tranchante est venue d’Aymeric Caron, qui a exprimé son opposition à ces attaques ciblant des personnalités médiatiques. Selon lui, ces choix de communication nuisent à l’ensemble du groupe parlementaire, exposant chaque élu à des répercussions. Alors que les accusations d’antisémitisme persistent, la stratégie offensive de Jean-Luc Mélenchon provoque désormais des divisions au sein même de son mouvement.
La Rédaction
(Photo : Hanslucas)