Lors de la session marathon de la commission des affaires sociales de la Chambre sur les dysfonctionnements au CPAS d’Anderlecht, les députés ont réussi à entendre non seulement les deux protagonistes principaux, à savoir les anciens présidents du CPAS Lotfi Mostefa (PS) et Mustapha Akouz (PS), mais aussi d’autres parties impliquées. Compte rendu.
Un nombre exceptionnel de députés étaient présents à la Commission des Affaires Sociales, ce mardi, pour cette audition sur le CPAS d’Anderlecht. Dans la salle Yourcenar (nommée d’après l’auteure de L’Œuvre au noir, un titre qui semble ici ironiquement approprié), Denis Ducarme (MR) puis Ellen Samyn (Vlaams Belang) ont dirigé les députés tout au long de la journée pour interroger les parties concernées ainsi que les experts invités.
Les principaux témoins convoqués étaient les anciens présidents du CPAS d’Anderlecht, qui avaient refusé de se présenter lors de la précédente commission. Mustapha Akouz est actuellement député bruxellois et Lofti Mostefa est entre-temps devenu échevin du logement à Anderlecht. De nombreux sujets ont été abordés : la location d’un garage appartenant au PS, un loyer avantageux pour un club de football, une menace de grève du personnel du CPAS, et surtout le clientélisme local exercé par le PS.
Un mystérieux couloir
Le député libéral flamand Vincent Van Quickenborne (Open Vld) s’est distingué en tant qu’inquisiteur rigoureux. Il s’est particulièrement intéressé au « couloir des miracles ». À plusieurs reprises, il y est revenu. Apparemment, au sein du CPAS d’Anderlecht, il existait deux circuits pour l’octroi des aides : la procédure normale suivant le chemin administratif habituel, et le « couloir des miracles ».
Cela concerne le couloir au troisième étage du bâtiment du CPAS, où siège le président du CPAS. Selon Van Quickenborne, ce politicien PS agissait comme un empereur romain, « levant ou baissant le pouce ». Mostefa aurait ainsi opéré des « miracles » pour « l’électorat » du PS. « Des pratiques scandaleuses », a dénoncé Van Quickenborne, « du pur clientélisme PS ».
Cela a conduit à un affrontement verbal entre Khalil Aouasti (PS) et Van Quickenborne. Une simple manœuvre de diversion qui a irrité la députée Florence Reuter (MR) et amusé François De Smet (Défi). Aouasti a qualifié la commission de « théâtre ». Ducarme a dû intervenir en tant que président pour rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un débat. Pendant ce temps, Aouasti n’a cessé de proclamer qu’Akouz avait servi sa communauté avec « probité ». Il a traité Van Quickenborne d’impoli. Ce que Ducarme n’a pas du tout ressenti de cette façon : « Moi, je ne me permets pas de qualifier les propos d’un collègue de la sorte. »
Une fraude révélée par des journalistes flamands
Cependant, l’audition n’a pas tourné au désastre pour les élus PS. L’exposé de Mustapha Akouz a été sec et factuel. Le député bruxellois, qui a été président du CPAS pendant près de dix ans, a rappelé certains faits pertinents. Le plus notable étant que la fraude organisée par des journalistes infiltrés de la VRT avait été rapidement découverte. Pour mémoire, le scandale avait éclaté lorsque le programme Pano de la chaîne publique flamande, sur base de témoignages d’employés du CPAS, avait réussi à faire attribuer un revenu d’intégration frauduleux à deux « étudiants ».
Le CPAS d’Anderlecht avait demandé à ses collègues d’Alost et de Ranst de vérifier si les « nouveaux » bénéficiaires du revenu d’intégration y résidaient encore. Ranst n’avait pas répondu, mais Alost si. Les demandeurs avaient alors été radiés de leur commune d’origine et l’allocation stoppée. Cette vérification avait eu lieu dès avril, bien avant la diffusion de Pano. En bref, la fraude avait été détectée avant la diffusion de l’émission.
Akouz avait fait mauvaise impression dans le reportage de Pano en se présentant fièrement comme un socialiste distribuant généreusement des allocations comme une faveur politique. Ses propos étaient perçus comme du clientélisme PS.
« Il manque de la justice à Anderlecht, monsieur Akouz », a fulminé Van Quickenborne. La querelle ouverte entre Open Vld et PS a inspiré François De Smet qui a plaisanté : « On ne regrettera pas la Vivaldi. »
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