Le président fraîchement élu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, entend faire de sa présidence une présidence « coup de poing », facilitée par un appareil législatif qui sera sans doute entièrement derrière lui. Analyse.
Ce n’est pas un coup double mais un coup sans doute triple qu’ont réalisé Donald Trump et le parti républicain en ce mardi 5 novembre. Non content d’avoir balayé Kamala Harris en remportant le vote populaire avec cinq millions de voix d’avance, le mouvement MAGA a également – puisque ce dernier et le parti républicain sont désormais confondus – remporté le Sénat et très probablement la Chambre des représentants. Le nouveau président des États-Unis dispose donc désormais de toute la latitude nécessaire pour faire adopter son programme. Petit tour d’horizon des défis qui attendent tout de même la nouvelle équipe présidentielle.
1 – Trump devra bien choisir des conseillers
Il est bien connu que le Républicain n’a pas pour réputation d’être un homme à l’écoute de ses conseillers, préférant agir à l’instinct. Travailler, pour lui, n’est pas une sinécure. Il faudra donc que Trump trouve un personnel expérimenté mais soumis, ce qui ne court pas les rues, d’autant plus que le milliardaire entend faire le ménage à tous les niveaux de l’État.
2 – Il devra contenter sa base sur la question de l’immigration
On le sait, l’immigration illégale constituait la préoccupation électorale numéro un des Américains. Donald Trump a prévu d’agir en ce sens, et d’une façon assez radicale, prévoyant des « opérations d’expulsion jamais vues » et ce depuis le « premier jour de sa présidence ». Au-delà de la question morale inhérente à son approche, il ne peut toutefois pas, le désirerait-il, naviguer en dehors du cadre légal. Notamment en utilisant l’armée, comme il l’a prévu, pour l’épauler. Comment pourra-t-il donc, dans un cadre légal, contenter sa base ? C’est une question assez nébuleuse.
3 – Le nouveau président devra rester dans un cadre légal prescrit
Même si voir les poursuites dont il a fait l’objet s’écrouler les unes après les autres lui a sans doute donné des ailes – il reste tout de même la question de l’affaire des votes en Géorgie (2020) –, Trump ne peut agir que dans le cadre des pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution. Changer celle-ci nécessite des majorités spéciales qu’il n’a aucune chance de pouvoir activer.
4 – On attend beaucoup de lui au niveau international
Trump a répété maintes fois pouvoir régler le conflit ukrainien en « quelques jours ». Passée cette hypothèse, de nombreux défis l’attendent, notamment sur le théâtre du Moyen-Orient où il devra décider de se positionner face à la menace iranienne. Il a, pour cela, besoin d’alliés. Ira-t-il les chercher en Europe, ou compte-t-il tourner le dos aux alliances avec les pays du Vieux continent qui ont prévalu durant si longtemps ? Quid, en outre, du cas de la Russie, paria désormais aux yeux de l’ensemble des États européens ? Compte-t-il lui tendre véritablement la main ? Autant de questions qui demeurent en suspens.
5 – Il devra préparer son héritage
Âge de 78 ans, Trump, même s’il possède une énergie hors norme, se trouve dans le dernier chapitre de son existence. La question consiste à savoir dans quelle mesure son mouvement lui survivra. Sa belle-fille Lara, qui est désormais à la tête du Comité National Républicain, n’a pas les capacités intellectuelles et le charisme pour tenir ce rôle. Il reste l’hypothèse d’hommes et de femmes politiques « classiques ». Cela pourrait être son vice-président JD Vance, homme instruit et responsable. Mais ce dernier est beaucoup plus modéré que son patron.
6 – Tous ses actions seront scrutées et analysées par la gauche
Dans un pays divisé comme jamais, Trump, s’il jouit d’une base saine en termes politiques pour faire adopter son programme, verra tous ses projets et actes analysés par ses opposants politiques, qu’il s’agisse de la presse ou du parti démocrate, qui n’auront de cesse de vouloir le faire chuter.
Maxence Dozin
(Photo Belgaimage ©Matias J. Ocner/Miami Herald via ZUMA Press Wire)
