Sabrina Bellens, artiste belge et épouse d’un homme politique, a été victime d’un harcèlement systématique sur les réseaux sociaux. Elle se confie à 21 News.
Ce cyberharcèlement, phénomène malheureusement courant, touche de nombreuses personnes, notamment les personnalités publiques. Selon une étude de l’agence d’influence marketing Reech, 24 % des influenceurs déclarent être victimes de cyberharcèlement, un chiffre qui atteint 34 % chez les moins de 30 ans.
Face à cette situation, Sabrina Bellens a décidé de porter plainte, menant à la mise sous mandat d’arrêt de son harceleur. Elle souligne l’importance de poursuivre les auteurs de tels actes pour établir des limites claires sur les réseaux sociaux et encourage les victimes à ne pas se résigner.
21 News : Votre harceleur a été mis sous mandat d’arrêt. Un soulagement ? Cela peut montrer qu’il y a des limites à ne pas franchir sur les réseaux ?
Sabrina Bellens : À ce stade, je dirais surtout que je suis satisfaite du bon travail de la PJ de Charleroi et de constater que l’affaire avance. Mon objectif reste un procès, un jugement, une condamnation et, idéalement, des soins pour la personne concernée. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’aurai le sentiment que « la boucle est bouclée ».
Quant aux limites sur les réseaux sociaux, malheureusement, elles sont constamment franchies. Certaines personnes se sentent intouchables derrière leur écran « protecteur », et cela doit absolument changer. J’encourage toutes les victimes de harcèlement à entamer des poursuites et à ne surtout rien lâcher, même si le processus peut sembler long ou inutile. Il faut le faire pour soi, pour le symbole et par principe.
21 News : Vous êtes assez présente sur les réseaux sociaux. Trouvez-vous que l’ambiance générale y est plus agressive qu’auparavant ?
S.B. : Personnellement, je suis sur les réseaux pour m’exprimer et me divertir, et je n’ai pas constaté de changements significatifs. Si l’ambiance a évolué, je dirais que c’est dans le bon sens. Je repère moins de « haters » réguliers. Peut-être ont-ils compris qu’ils ne changeraient rien à ma façon d’être ? Au contraire, ils ne font que la renforcer. La haine des abrutis est parfois très stimulante pour moi.
« Je n’ai pas reçu de soutien des « féministes 2.0 contestataires » »
21 News : Avez-vous reçu du soutien face à ce harcèlement systématique ? Comment avez-vous réussi à résister et à continuer à vous exprimer librement ?
S.B. : Sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup d’aigreur, de haine et de frustration. Bref, une foule de « fouille-merdes » et de personnes clairement déséquilibrées. Mais, à côté de cela, mon expérience est globalement très positive. J’y ai fait de belles rencontres et créé des liens d’âme profonds, parfois sans même connaître les gens physiquement. Ces personnes m’ont apporté beaucoup de soutien, des paroles et des gestes qui m’ont touchée.
Par contre, si vous parlez du soutien des « féministes 2.0 contestataires », la réponse est non. Ces « farandoles émouvantes » restent entre copines du même bord, et tant mieux. Pour moi, les interactions humaines n’ont d’intérêt que si elles sont sincères et profondes.
Quant à résister, cela ne m’a pas été nécessaire. Mon tempérament est plutôt du genre : « Moins tu veux me voir, plus je serai là ». Le regard des autres n’a aucune influence sur moi, sauf s’il est intéressant et face à face. Sur les réseaux sociaux, il n’y a donc aucune chance que cela m’atteigne.
21 News : L’information que vous trouvez sur les réseaux sociaux vous aide-t-elle à préparer vos interventions médiatiques, comme parfois sur LN24 ?
À la base, je suis artiste et je vis dans mon monde parallèle. Je découvre l’actualité un peu malgré moi. Quand un sujet m’intéresse, je l’approfondis en regardant des documentaires, en lisant et en demandant conseil à des connaissances avisées.
Mes apparitions sur LN24 étaient liées à mon profil atypique. Peu de « femmes de » politiques, « métalleuses » et « gothiques », s’expriment librement sans se soucier des conventions liées à leur prétendu « statut ». Cela a suscité une curiosité, parfois malveillante. Pour moi, c’était un beau défi de jouer le jeu. Aujourd’hui, je me consacre à d’autres projets médiatiques qui correspondent mieux à ma franchise, ma spontanéité et ma sincérité.
« Dans les médias, il n’y a pas assez de politiquement incorrect, d’irrévérence, ni de personnalités qui osent s’affranchir des codes ridicules de la bien-pensance. »
21 News : Comment jugez-vous le débat médiatique en Belgique francophone ?
S.B. : Je trouve qu’il manque cruellement de vérité, comme en France. Beaucoup agissent par peur de déplaire, sans passion, uniquement par intérêt. On pleure la sincérité tout en entretenant l’hypocrisie. Il n’y a pas assez de politiquement incorrect, d’irrévérence, ni de personnalités qui osent s’affranchir des codes ridicules de la bien-pensance.
Je suis nostalgique des années 80 et 90, une époque où l’humour libre et la liberté de penser étaient encore possibles. Aujourd’hui, l’absence de ces libertés rend l’atmosphère médiatique stérile et encore plus délétère. Cela n’élève ni le débat ni les esprits.
Entretien : Nicolas de Pape