Avec un déficit qui bondira de 6,2 milliards d’euros en 2024 à 7,6 milliards en 2025, la sécurité sociale belge s’enfonce dans une spirale difficilement tenable, affirme la FEB. Vieillissement démographique, explosion des coûts de santé et d’invalidité, manque d’inactifs : autant de défis que la Fédération des Entreprises de Belgique appelle à relever sans délai pour éviter une implosion d’ici 2030.
La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) alerte sur l’aggravation continue du déficit de la sécurité sociale belge, qui devrait atteindre environ 6,2 milliards d’euros d’ici fin 2024, soit un milliard de plus qu’en 2023. Les projections indiquent une détérioration persistante, avec un déficit estimé à plus de 7,6 milliards d’euros en 2025 et dépassant 14 milliards d’euros en 2029.
Cette situation résulte d’une croissance des dépenses plus rapide que celle des recettes issues des cotisations, notamment dans les domaines des pensions, des soins de santé, de l’incapacité de travail et de l’invalidité. Le vieillissement démographique exacerbe le problème : alors que dans les années 1970, près de trois travailleurs finançaient un pensionné, ce ratio devrait chuter à moins de 1,7 d’ici 2070, réduisant le nombre de contributeurs pour chaque bénéficiaire.
500.000 malades de longue durée
Par ailleurs, le nombre de malades de longue durée dépasse les 500 000 en 2022, entraînant des coûts d’invalidité estimés à plus de 9,5 milliards d’euros en 2024 (fourchette basse).
Pour assurer la viabilité financière de la sécurité sociale, la FEB préconise plusieurs mesures :
- Réintroduction d’un mécanisme de responsabilisation : impliquer les partenaires sociaux dans la gestion budgétaire en conditionnant la dotation d’équilibre à une gestion financière responsable.
- Activation des inactifs et des demandeurs d’emploi : atteindre un taux d’emploi de 80 % en rendant le travail plus attractif que les situations de non-emploi.
- Contrôle strict du budget des soins de santé : optimiser l’utilisation des ressources limitées pour maîtriser les dépenses.
- Réforme des pensions : veiller à ce que les réformes n’entraînent pas une augmentation insoutenable des dépenses, mais plutôt une croissance maîtrisée.
« Les bases de la sécurité sociale belge sont ébranlées, et nous regardons sans bouger, pointe Pieter Timmermans, le patron de la FEB. Nous dépensons de plus en plus sans réfléchir à qui va payer en bout de course, alors que le coût du vieillissement ne cesse d’augmenter, tant pour les pensions que pour les soins de santé, et que le taux d’emploi visé de 80% n’a jamais été aussi éloigné. Nous appelons donc les négociateurs de la coalition Arizona à entamer dès aujourd’hui la rénovation de notre sécurité sociale, en concertation avec les partenaires sociaux. Sans quoi le système risque la faillite d’ici à 2030. »
A.G.
(Photo Belgaimage)