La mutualité socialiste Solidaris Wallonie veut recourir à la prépension pour 137 salariés de plus de 60 ans. Pour ce faire, elle demande le statut… d’entreprise en difficulté. Mais comment une structure financée par la sécurité sociale peut-elle en arriver là ? La direction tempère, mais le signal envoyé est inquiétant.
Solidaris Wallonie, l’une des principales mutualités du pays, vient d’annoncer un plan de départ anticipé pour 137 collaborateurs. Rien d’étonnant en apparence, sauf qu’il s’agit d’un dispositif de chômage avec complément d’entreprise – la fameuse prépension – et que sa mise en œuvre nécessite la reconnaissance officielle du statut d’entreprise en difficulté.
Autrement dit : une mutualité, qui vit des deniers publics, sollicite aujourd’hui un mécanisme prévu pour des entreprises privées en mauvaise posture. Et une question qui brûle les lèvres : comment une institution qui gère l’argent de la sécurité sociale – avec des missions toujours plus nombreuses, certes – peut-elle se retrouver au bord de l’asphyxie ?
Un vocabulaire d’entreprise en crise
La direction se veut rassurante : « Il ne s’agit ni d’une restructuration ni d’un plan de licenciement », jure-t-on. « Une mesure de saine gestion », prétend même la présidente Sarah de Liamchine. Mais pourquoi alors demander un statut aussi lourd de conséquences symboliques ? Pourquoi assumer ce vocabulaire de l’entreprise privée en crise pour une mutualité censée porter un projet social collectif ?
Solidaris invoque un « sous-financement chronique » du secteur depuis plus de dix ans. Mais cette explication ne suffit pas à évacuer le malaise. Car si le secteur est sous-financé, pourquoi Solidaris, davantage que d’autres, se retrouve-t-elle dans cette impasse ? Mauvaises décisions ? Surpoids administratif ? Générosité excessive en interne ? Ce sont des questions que la direction semble éviter.
La tempête n’est peut-être qu’un « verre d’eau », comme le dit la présidente. Mais ce verre-là déborde.
A.G.
(Photo Belgaimage)