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Syrie : la chute d’Assad marque la fin d’une tyrannie, mais elle promet des lendemains incertains

par Philippe Lamair
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La chute de la dynastie Assad plonge la Syrie dans une situation confuse. L’arrivée au pouvoir d’Abou Mohammad al-Jolani va-t-elle rassurer la communauté syrienne expatriée ? Si l’on peut se réjouir de la chute du régime, des questions demeurent.

Si les printemps arabes ont eu raison des dictatures en Tunisie, Libye et Egypte, le pouvoir en Syrie s’est maintenu encore près de quatorze ans. Aujourd’hui marque la fin d’une république héréditaire.

La famille el Assad a occupé le pouvoir pendant 54 ans. En 1970 lors d’un coup d’État, Havez-el Assad prend le pouvoir. Avec l’aide de l’ancien bras droit d’Eichman, le nazi Aloïs Brunner, il met en place un redoutable appareil répressif. Un système efficace basé sur la torture, l’emprisonnement, la délation dont héritera en 2000, après la mort de son père, Bachar el Assad. Ophtalmologue à Londres, le plus jeune fils n’était pas destiné à devenir président, c’est la mort de son frère aîné qui l’a propulsé à la tête du pays.

Les espoirs d’une ouverture démocratique sont rapidement déçus. Bachar endosse rapidement le costume et les comportements de son tyran de père.

Placé dès 2011 sous les coups de butoir de l’opposition, le régime tient grâce à l’appui de la Russie et de l’Iran via ses mercenaires du Hezbollah. Il n’hésitera non plus à bombarder et à gazer ses populations civiles.

Quel avenir pour les réfugiés syriens ?

La guerre en Syrie a fait plus de 500 000 morts. Le pays compte aujourd’hui près de 15 millions de déplacés, soit la moitié de la population. Près de 6 millions de Syriens ont fui à l’étranger. Plus de deux millions en Turquie, 700 000 en Jordanie, un million deux cents mille au Liban, où 90% de ces réfugiés vivent dans la misère. D’autres se sont réfugiés en Irak et au Kurdistan irakien. Une minorité est arrivée en Europe.

Maintenant que le régime a été renversé, ces réfugiés rentreront-ils au pays ? Beaucoup ont fui les violences, mais aussi la conscription dans l’armée de Bachar el Assad. Les musulmans sunnites sont majoritaires et seront tentés de rentrer à Damas. Les pays limitrophes, surtout le Liban et la Jordanie, les pousseront à partir. Ces réfugiés sont un fardeau économique pour ces deux États, et leur nombre a un impact sur la vie quotidienne, comme le montre la pénurie d’eau en Jordanie. Parmi les exilés, beaucoup de jeunes. Reconstruire la Syrie reste un défi à relever. 

Un retour qui se fera sans doute progressivement et qui tiendra compte de l’évolution politique et religieuse (ici ce sont presque des synonymes). D’autres, par contre, ne rentreront sans doute pas – comme toutes les minorités chrétiennes. Elles seront sans doute rejointes par les derniers Chrétiens encore présents en Syrie et par ceux qui ont soutenu le régime, comme les Alaouites dont la famille el Assad était issue.

Aujourd’hui les Syriens ont mis fin à la dictature Assad. Il leur reste à reconstruite l’avenir. Une tâche immense dans un pays fracturé et ruiné.

https://twitter.com/LOrientLeJour/status/1865765521544585269

Philippe Lamair

(Photo Belgaimage : des Syriens fêtent la chute du clan Assad à Mayence, en Allemagne)

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