Le 1er janvier, le Ministère de l’Éducation du nouveau régime syrien a annoncé des changements controversés dans les programmes scolaires du pays. Si certaines modifications retirent les éléments glorifiant le régime déchu des manuels scolaires, d’autres insistent sur une approche islamique salafiste de l’histoire.
Sur sa page Facebook, le Ministère de l’Éducation nommé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC) a publié les changements qu’il souhaite appliquer aux cours des élèves syriens de six à dix-huit ans. Dans les commentaires, les critiques abondent.
Pour cause : les amendements proposés par HTC prévoient de supprimer les cours dédiés à la théorie de l’évolution, d’effacer des poèmes sur les femmes et l’amour, et de remplacer la phrase nationaliste « Sacrifier sa vie pour défendre sa patrie » par l’expression « Sacrifier sa vie pour la cause de Dieu ». À cette perspective religieuse de l’éducation s’ajoute, par exemple, l’interprétation d’un verset coranique portant sur « ceux qui ont provoqué la colère » de Dieu et « les égarés ». Cette référence aux Juifs et aux Chrétiens inquiète les minorités syriennes.
L’éducation, au cœur des réformes du régime syrien
Dans une interview donnée au Wall Street Journal, Mgr Boutros Qassis, archevêque de l’Église orthodoxe syriaque d’Alep, a déclaré : « Il y a des changements liés au régime Assad… qui sont compréhensibles, mais il y a aussi eu des amendements qui portent atteinte à la société syrienne à cause de l’idéologie islamique. » L’autorité chargée de l’éducation au sein de l’administration autonome kurde affiliée au Conseil Démocratique Syrien (CDS) dans l’est de la Syrie a, quant à elle, déclaré que les modifications apportées aux programmes d’enseignement visent à altérer l’identité syrienne et à affaiblir l’unité nationale.
En réponse aux critiques, le Ministère de l’Éducation a tenu à clarifier la situation. Dans un message Telegram, le ministère affirme que les programmes de toutes les écoles syriennes resteront inchangés jusqu’à ce que des comités spécialisés soient formés pour les réviser et les auditer.
Jérémie Renous
(Photo Belgaimage : une école dévastée de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, 5 janvier 2025)