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Terrorisme intellectuel : quand débattre devient interdit

par Nicolas de Pape

Accuser, disqualifier, délégitimer : tels sont les mécanismes du « terrorisme intellectuel », un fléau qui verrouille les débats publics et impose un conformisme de pensée. Dans Les habits neufs du terrorisme intellectuel (Perrin éditeur), Jean Sévillia, historien et journaliste au Figaro, décrypte ce phénomène, ses origines et ses conséquences sur nos sociétés, où la peur de l’étiquette infamante muselle les esprits. Entre politiquement correct et dictature des idées dominantes, un système insidieux menace la liberté d’expression et le pluralisme intellectuel.

21News : Pour les gens qui connaissent très mal le sujet, serait-il possible de définir le terrorisme intellectuel ?

Jean Sévillia : Je définis le terrorisme intellectuel comme un système qui consiste à éviter les débats de fond en procédant à la délégitimation de son contradicteur au lieu de parler du fond des sujets. On va coller à son contradicteur une étiquette infamante, on va le traiter de nazi, de fasciste, de réactionnaire, de raciste, de colonialiste, d’homophobe, etc. De ce fait, on lui retire la parole dans le débat public. Donc c’est une façon de tuer son adversaire, de tuer sa parole sans faire couler le sang et en évitant les sujets qui fâchent.

Un ensemble maillé de « terroristes intellectuels »

21News : Ce qui est étrange, c’est la manière dont ce conformisme s’installe, c’est-à-dire qu’il n’y a évidemment pas une personne qui tire les ficelles ou un quartier général. Donc ce sont des « terroristes intellectuels » qui communiquent entre eux, indirectement, et partagent leurs informations ?

J. S. : Je ne suis pas du tout complotiste. Je ne crois pas qu’il y a un chef d’orchestre clandestin… Ce sont plutôt des complicités, souvent au sein des mêmes générations, entre personnes qui ont fait les mêmes études, qui ont le même âge, qui ont été compagnons sur les mêmes bancs des facultés, des grandes écoles, etc. Ils se connaissent. Ils vivent ensemble et, excusez-moi d’être vulgaire, couchent ensemble. Ça explique parfois bien des choses. Il s’agit d’un « micro-milieu » qui fait plusieurs milliers de personnes du fait que nous sommes un grand pays (en nombre d’habitants, je veux dire). Ces personnes rentrent dans une forme de conformisme. C’est le cas en particulier des journalistes. Dans ce milieu, c’est particulièrement frappant. Mais on retrouve le même phénomène dans l’éducation : les collèges et lycées. Il n’y a pas de complot, mais cela fonctionne très efficacement. Aujourd’hui, tout cela est nourri par les réseaux sociaux. De grands interdits moraux y sont posés par de prétendues élites intellectuelles et culturelles.

« L’homme est le démiurge de lui-même. »

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