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Thierry Godefridi : « L’écologie est devenue un opium du peuple moderne »

par Nicolas de Pape

Dans son dernier ouvrage, « Ces vaniteux nous enfumant et leurs drôles d’idées », paru en 2024, Thierry Godefridi, auteur et entrepreneur, critique les mécanismes idéologiques de l’écologie politique, qu’il compare aux grands récits prophétiques et aux utopies collectivistes du passé. Il égratigne également une Union européenne devenue selon lui un empire technocratique et met en garde contre l’influence de certaines institutions financières internationales dans l’orientation des politiques économiques et écologiques. Pour lui, la peur du climat est un instrument de domination, utilisé par des élites pour imposer un contrôle social au détriment des libertés individuelles.

21 News : Vous estimez que l’écologie politique repose sur un discours prophétique et apocalyptique. Comment expliquez-vous cette permanence du catastrophisme dans les grands récits idéologiques, qu’ils soient politiques ou religieux ?

TG : L’être humain est un animal pensant et social, confronté à la mort. Il n’a pas fallu attendre Freud pour le savoir. Ces éléments ont, selon l’ethnologue Jean Servier, structuré toutes les civilisations aussi loin que l’on remonte et où qu’elles furent établies. Pour échapper à sa condition, l’être humain exerce sa capacité de se raconter des histoires et de substituer au monde réel un monde imaginaire dans lequel il se transporte par la pensée et auquel il accorde une prépondérance. C’est, explique Durkheim dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, l’élément constitutif du mythe (au sens antique et premier du terme) dont la création n’est pas, dit-il, un acte surérogatoire mais l’acte même par lequel une société se fait (et qu’une forme de contrôle social s’y instaure).

Pour autant, l’être humain n’échappe pas aux biais cognitifs (notamment de disponibilité et d’affect ; tel que l’exprime Kahneman), ni à ses émotions, ses impressions, ses estimations biaisées des risques (c.-à-d. de la probabilité qu’un danger se réalise ; cf. Slovic). C’est d’ailleurs là que réside sa vulnérabilité à se voir imposer une « religion positive » (au sens de Hegel) par une autorité extérieure qui se saisisse de la définition du risque, car c’est une manière de s’approprier l’exercice d’un pouvoir sur autrui.

Sur ces différents plans, l’écologisme se situe, semble-t-il, dans la ligne des discours prophétiques et apocalyptiques dont la Bible fournit un bel exemple avec le déluge, « le jour où en l’an 600 de la vie de Noé, toutes les sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s’ouvrirent » (Genèse, 7,11). D’après Servier, une même anatomie psychique se retrouve d’un bout à l’autre de l’humanité.

Gouvernance intrusive

21 News : Dans votre analyse, vous rapprochez l’évolution de l’Union européenne d’un système de plus en plus technocratique et idéologique. Quels sont, selon vous, les moments clés qui ont marqué cette dérive vers une gouvernance plus intrusive ?

TG :  D’une Communauté économique libérale telle qu’elle avait été conçue par le Traité de Rome en 1957 et inspirée par la résolution de Messine préconisant l’accès à une source d’énergie abondante et bon marché, « l’Europe » s’est transformée en tout autre chose après le Traité de Lisbonne de 2007 et, surtout, après l’arrivée de la Commission européenne présidée par Mme von der Leyen en 2019. Sous l’impulsion de la Commission (CE), la Banque centrale (BCE) et la Cour de justice (CJUE), l’Union européenne a cessé d’être une « république de nations » pour devenir un empire qui n’hésite pas à s’ingérer dans tous les aspects de la vie de chacun et à menacer les Etats membres récalcitrants de mesures coercitives diverses. Ne sont-ce pas ces institutions, dont le personnel n’a pas été élu, qui se sont arrogé des prérogatives exorbitantes par rapport aux traités et qui portent atteinte à l’Etat de droit ? Par un curieux retour de l’histoire, l’Europe suit l’exemple de la Chine au XVe s., quand sous Yongle, le troisième empereur de la dynastie Ming, sa nomenklatura, soucieuse de maintenir les équilibres et ses privilèges, se mit à centraliser, hiérarchiser, codifier et contrôler et fit en sorte que les Chinois, qui étaient en avance sur le reste du monde, perdirent confiance en eux-mêmes et toute créativité.

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