Une audition marathon sur la coûteuse île énergétique en mer du Nord a révélé plusieurs faits marquants. Tout d’abord, le gestionnaire de réseau Elia a laissé entendre que Tinne Van der Straeten (Groen), alors ministre de l’Énergie, et Vincent Van Quickenborne (Open Vld), ministre de la mer du Nord, avaient été informés dès mars 2023 de l’explosion des coûts. Et ce, avant même le début des travaux. Ensuite, il est apparu que le régulateur fédéral de l’énergie, la Creg, se révélait totalement impuissant. Mais le plus important reste que ces dérapages budgétaires seraient en grande partie dus à une modification unilatérale de la capacité de raccordement de l’île énergétique décidée par la ministre Van der Straeten.
Pour rappel, l’île énergétique est destinée à connecter de nouveaux parcs éoliens offshore au continent. Ce projet s’inscrit dans le Plan fédéral de développement 2024-2034, lancé par Tinne Van der Straeten, qui cherchait à aligner la Belgique sur les objectifs imposés par la Commission européenne en matière d’énergies renouvelables pour 2030, 2040 et 2050. La ministre a donc saisi cette opportunité pour planifier une expansion massive de l’éolien en mer.
Le gestionnaire de réseau Elia s’est vu confier la mise en œuvre du projet, alors même que le gouvernement fédéral ne disposait pas des fonds nécessaires. En passant par Elia, l’État a pu faire peser le coût de cette infrastructure sur les consommateurs et les entreprises. En effet, les investissements réalisés par Elia sont répercutés sur les factures d’électricité des ménages et des sociétés via les tarifs de réseau. Cette possibilité dépend de l’inscription de ces coûts dans la base d’actifs régulés (RAB), une décision prise directement par Tinne Van der Straeten.
En principe, la Creg est censée contrôler les dépenses intégrées dans les tarifs. Mais en pratique, dès lors que la ministre valide les plans d’Elia, le régulateur n’a plus son mot à dire.
Une audition parlementaire explosive
Dans ce contexte, l’audition parlementaire de mardi était attendue. Des représentants d’Elia, de la Creg, de la fédération des grands consommateurs industriels Febeliec et plusieurs experts (notamment étrangers) ont pris la parole devant la Commission énergie de la Chambre. Les députés présents ont dû faire preuve d’endurance : la séance s’est étalée de 13h55 à 19h30.
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