Plus de cinquante ans de dictature sanglante ont pris fin en Syrie. Ce dimanche 8 décembre, le président déchu, Bachar El-Assad, a fui le pays en direction de Moscou. Il laisse derrière lui un pays dévasté par treize années de guerre civile et de répression brutale. Quel avenir pour le pays et ses habitants ?
À travers la Syrie, les portraits des dictateurs Hafez et Bachar Al Assad sont détruits et les Syriens célèbrent la chute de chaque statue de la dynastie des tyrans. Des centaines de vidéos de ces destructions symboliques sont publiées sur les réseaux sociaux, comme l’expression d’une liberté retrouvée. D’autres images montrent des milliers de réfugiés syriens exilés à travers la région préparer leur retour chez eux. Pour autant, les mois qui viennent s’annoncent critiques pour le futur du pays et la reconstruction de l’État syrien est un chantier périlleux.
L’après-Assad en question
C’est vers Abou Mohammed Al-Jolani que les regards sont tournés. Leader du mouvement islamiste Hayat Tahrir Al Shams (HTS), il est à la tête des groupes insurgés qui ont mené l’offensive contre le régime depuis le 27 novembre. Cet ancien membre d’Al-Qaïda et de l’État Islamique s’était éloigné des ambitions globales de ces mouvements jihadistes pour se concentrer sur la construction d’institutions en Syrie. Il a dirigé l’enclave rebelle d’Idleb, située au nord du pays, pendant plusieurs années, une expérience réussie selon Pieter Van Ostaeyen, historien et analyste des mouvements jihadistes : “Le gouvernement mis en place par HTS à Idleb a été un succès, notamment lors des crises du Covid et du tremblement de terre de 2022. Ils ont mis en place leurs propres ministères offrant à la population divers services comme la collecte des déchets, la gestion des hôpitaux ou encore l’éducation”.
Des services rapidement mis en place dans les villes d’Alep et Hama récemment occupées par les rebelles. De plus, les femmes syriennes sous le régime de Hayat Tahrir Al Shams, conduisent, vont à l’école et le voile ne leur est pas imposé. Une scène en particulier a marqué Pieter Van Ostaeyen : “Lorsque Al-Jolani est entré à Alep, il a été accueilli par un bain de foule. Il a été célébré, entouré notamment de civils qui fumaient et de femmes sans foulard, comme si de rien n’était. C’est incroyable pour un groupe islamiste”. Autant de symboles et de politiques qui donnent espoir aux Syriens, même si Al-Jolani ne s’est jamais prononcé en faveur d’une démocratie et règne de manière autoritaire à Idleb. Pas de quoi gâcher les célébrations à travers le pays. “Tous les Syriens se réjouissent de se débarrasser enfin de Bachar Al Assad. Cela fait plus de cinquante ans que ce régime maltraite sa population et tout ce que l’on voit rejaillir depuis sa chute est horrible”, affirme encore Pieter Van Ostaeyen.
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